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Avec «Jersey Boys», le cinéaste fait ses premiers pas l’adaptation de comédie musicale. Mais venant de lui, il ne faut surtout pas s’attendre à une simple retranscription. Si le réalisateur respect les codes du genre, il n’en n’oubli pas d’imposer avec délicatesse certaines marques de sa grammaire cinématographique. On reconnaît alors, dans une économie de moyens certes, la patte du metteur en scène. On retrouve avant tout et de façon très présente la mélancolie qui forge la plupart de ses films. Avant tout, il prend soin de poser un regard jamais consensuel et réaliste sur l’ensemble de ses personnages.
Si le film peut souffrir d’un certain académisme, pour ne pas dire d’un respect des chartres de la comédie musicale, il respire tout le sérieux et la précision dont le réalisateur nous a habitué. A ce titre, il parsème son film d’une certaine légèreté emprunt d’un humour bienvenu sans être trop présent.
Loin de s’ancrer dans les films les plus dramatiques de Clint Eastwood, «Jersey Boys» s’inscrit parmi les biopics de facture très honnête.
Même si le budget réduit peut se faire sentir par moments, plusieurs séquences manquent de caractère visuel sur le plan graphique seulement (diversité et profondeur de champ des décors), d’espace, de grandeur, cela ne gâche en rien le plaisir que l’on a à suivre les quatre membres du quatuor.(...)
Côté casting, chaque comédien trouve sa place au travers une direction d’acteurs impeccable comme toujours chez le réalisateur. Dans les rôles principaux, Vincent Piazza et John Llyod Young (ce dernier, habitué de la scène musicale) réussissent une jolie mise en avant et on espère les retrouver très prochainement dans des rôles différents.
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Même si on pouvait en attendre plus de Clint Eastwood, le film suit un rythme déjà vu, «Jersey Boys» reste une œuvre, simple mais juste, et conserve régulièrement la liberté de ton de son auteur.
On ne pourra également que saluer les efforts de mise en scène lors de passages musicaux, et un final, s’il n’est pas très original, qui a le mérite de clore le film de manière élégante. L’éternel mise en scène du réalisateur qui s’adapte toujours et encore à son sujet. Même dans la facilité de forme, à près de 84 ans, « The Man with No Name » reste toujours et encore un des meilleurs réalisateurs actuels. Dans la simplicité des faits, dans l’efficacité et la subtilité de ton.