36 ans après le génial « Beetlejuice », et en avant première à Strasbourg de quelques jours sur la sortie en salle, Tim Burton nous propose enfin la suite, et quelle suite… Tout ce qu’on aime chez un Tim Burton en liberté est présent et bien présent. Visuellement, il y a une idée par minute, un gag, un effet spécial peu ragoutant, un dialogue mal intentionné dans chaque scène.
Entre les passages en animation, les morceaux chantés, les flashs back au Moyen Age en italien et en noir et blanc, les maquillages incroyables, les costumes improbables,
Tim Burton laisse son mauvais esprit s’exprimer avec la même liberté qu’il y a 35 ans, avec juste quelques moyens numériques en plus. La musique, composée encore et toujours par Danny Elfman, est accompagné de morceaux emblématiques qui sonnent bien 70-80 et ça fait plaisir. Le film dure 1h45 mais on ne s’ennuis pas une seule seconde, tout va à un rythme d’enfer (forcément) et dans certaines scène, c’est une débauche d’effets visuels comme lui seul est capable d’en proposer. On retrouve intact l’esprit malin et insolent du premier « Beetlejuice ». D’ailleurs, si on en a la possibilité, je conseille de revoir ce premier film un peu avant car il faut bien le connaitre et l’avoir bien en mémoire pour comprendre toutes les références, qui sont nombreuses. Au rayon des scènes fortes et réussies, j’aime particulièrement
la « reconstitution » de Monica Bellucci au début du film, un personnage nouveau, « en kit » à monter soi –même ! J’aime bien aussi la « punition des influenceurs » visuellement très marrante et le train de la « soul » (jeu de mot antre l’âme et la musique soul) qui te donnerai (presque) envie de passer de vie à trépas !
Coté casting il y a des petits nouveaux qui se fondent dans l’esprit « Beetlejuice » sans problème comme Justin Theroux (délicieusement énervant), Monica Bellucci, Willem Dafoe (en flic de cinéma, très drôle) ou encore Jenna Ortega qui est au centre de l’intrigue et qui est une comédienne qui promet beaucoup. Et puis il y a les trois personnages d’origine, Catherine O’Hara (formidablement excentrique), Winona Rider et évidemment Michael Keaton. Winona Rider, et ça m’embête un peu de le dire, c’est pour moi le maillon faible du film. Point de vue expressions, elle passe 80% du temps avec les yeux exorbités et l’air un peu ahurie, le reste de sa palette passant par perte et profit. J’avoue que c’est un peu déroutant au bout d’un moment de la voir jouer de manière si limitée alors qu’elle a probablement les moyens d’en faire 100 fois plus. Son personnage n’a l’air d’avoir pas vraiment évolué en 36 ans, elle s’habille toujours en gothique et est maquillée un peu outrageusement. A 16 ans c’est subversif, à 40 c’est un peu pathétique. Le temps n’a pas de prise non plus sur le personnage de Beetlejuice (en même temps, il est mort, pour lui c’est déjà plus logique !) et Michael Keaton se glisse dans le costume d’origine sans avoir l’air d’accuser ni les années, ni les kilos qui viennent avec l’âge ! Son abattage est toujours le même, il s’amuse comme un petit fou étant donné qu’il s’agit vraisemblablement du rôle le plus déjanté de sa longue carrière, il a l’air très content de retrouver le costume. Chez Burton, les rôles sont forcément outranciers, les méchants sont très méchants, les imbéciles sont très bêtes, les excentriques (comme Délia) très excentriques. « Beetlejuice Beetlejuice » est, comme le premier film, une sorte de conte horrifique un peu gore, bourré de mauvais esprit. L’intrigue est dans la continuité du premier film,
Beetlejuice ayant toujours pour obsession d’épouser Lydia. Mais cette fois-ci, le chasseur est également la proie car sa première épouse italienne le recherche pour lui aspirer son âme. Aller-retour entre le monde des vivants et celui très onirique et aussi bizarrement très bureaucratique des morts. La jeune Astrid commet une imprudence (qu’on voit venir de loin quand même) et sa mère doit, la mort dans l’âme ( !) réclamer l’aider de Beetlejuice pour la tirer de ce mauvais pas.
Certes, c’est une intrigue simple, presque attendue, pas très éloignée du premier film mais qu’importe. Ce n’est pas vraiment cela qui compte. Ce qui compte, c’est de prendre un plaisir presque enfantin devant cette suite tant espérée, de frissonner d’horreur devant les scènes un peu gores (certains maquillages sont incroyables) et de bien se marrer devant une telle débauche d’humour à la fois noir et potache.