36 ans après
Tim Burton revient à ses sources puisque c’est son Beetlejuice de 1988 qui l’avait fait connaître. Depuis, on sait la carrière énorme qu’il a faite avec quelques chef d’œuvre comme Mars Attack, Edward aux mains d’argent, Ed Wood, Big Fish, Charlie et la chocolaterie Dumbo, Les Noces funèbres… il y en a trop pour en établir une liste exhaustive. Et franchement, les vieux, comme moi, on craignait un peu cette suite, la nostalgie faisant son œuvre. Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille… Mais après ces 104 minutes – trop courtes, on en redemande -, où Burton ne s’est pas contenté de reprendre les mêmes et de recommencer, on sort de la salle heureux, ravis et sous le charme.
Dans cette comédie macabre et fantastique, teintée d’épouvante et d’horreur, - pour rire précisons-le aux âmes sensibles -, Burton conserve le même esprit traditionnel et surtout les mêmes effets spéciaux dans le style artisanal – voire bricolage -, que dans le premier opus. Il a eu également l’excellente idée de retravailler avec son musicien d’alors, le formidable Danny Elfman. On retrouve même avec plaisir la chanson Banana Boat (Day-O) de Harry Belafonte. Ce qui l’a incité à donner une suite à Beetlejuice n’est autre que … la vie ! En effet, il se dit inspiré par les grands événements de la vie, comme l’arrivée de ses enfants. Pour le reste, je vous laisse déguster le film sans autres précisions. De toute façon, il s’y passe tellement de choses que c’est pratiquement impossible à raconter. La seule chose que je peux répéter, c’est qu’on s’amuse beaucoup et qu’on se régale devant les grands numéros de cabotinage assumé de tout le casting. Du grand Burton qui, s’il ne révolutionne pas le cinéma fantastique, ne s’interdit rien dans son nouveau cabinet des curiosités.
On retrouve donc avec un plaisir gourmand le grand numéro de Michael Keaton. Son duo avec Winona Ryder fonctionne toujours aussi bien. Jenna Ortega, qui fréquente les plateaux TV depuis 2012, - elle avait alors 9 ans ! -, est un peu la petite nouvelle dans le grand cirque « burtonien ». Tout comme Monica Bellucci, irrésistible en séductrice agrafée. Et on ajoute à ce casting de luxe, Catherine O’Hara, Willem Dafoe, Justin Theroux, Danny de Vito, Arthur Conti, bref, rien que du beau monde qui s’amuse beaucoup et nous amuse tout autant. Cette comédie baignée dans le l’univers si particulier de Tim Burton, nous prouve que certains récits traversent les générations et savent se réinventer dans la joie. Un coup de jeune pour les spectateurs de ma génération qui ont adoré l’esprit cartoonesque de Tex Avery.