Cette comédie où la star se révèle être un ours en peluche qui parle, boit, fume et drague à tour de bras (ou de pattes), est le tout premier film réalisé par le créateur des séries animées à succès "American Dad" et "Les Griffin", Seth McFarlane. Ce-dernier donne ici vie au cadeau de Noël d'un gamin solitaire, cadeau qui finira par devenir aussi encombrant dans sa vie de couple une fois devenu adulte qu'il était magique dans sa vie d'enfant. Car oui, quel gosse n'a pas rêvé de voir sa peluche préférée s'animer ? (Ba déjà moi personnellement, j'aurais préféré que ce soit une Barbie qui s'éveille, mais bref, passons...)
Alors à première vue, "Ted" a vraiment tout pour plaire : un humour corrosif, un esprit subversif, des gags inventifs, ce nounours n'est définitivement pas à mettre entre toutes les mains, et rejoint aussitôt le rang de ces films que l'on croit destiné à nos chères têtes blondes mais qui sont en réalité pour un public plus adulte, ces films détournant les codes des œuvres familiales pour mieux les pervertir. En cela, Ted est vraiment drôle, et quand je parle de Ted, je ne parle pas du film en lui-même mais bien de ce personnage en peluche (qui malheureusement parle avec la voix de Joey Starr en VF, ce qui vous forcera à aimer la VO, mais on a tout de même de la chance dans notre malheur, ça aurait aussi bien pu être à Cauet ou Kev Adamas d'assurer le doublage).
Nonobstant les gags, vannes, et autres facéties délirantes de l'ourson, il faut bien l'avouer, tout le reste du film approche parfois du néant : un scénario ultra-prévisible, ce qui fait que l'on voit venir les rebondissements les yeux fermés et donc qu'absolument rien ne surprend, et une mise en scène inexistante (quoi ? Quelle mise en scène ? C'est quoi ça ?). Niveau interprétation, on sait tous que Mila Kunis est plus là pour son cul que pour son jeu, et que la comédie n'est définitivement pas le registre de prédilection d'un Mark Whalberg qui semble malgré tout s'amuser comme un vrai gosse. Seul l'excellent Giovanni Ribisi, dans un second rôle pourtant très mal exploité, s'en sort avec brio. De toute façon, tous se font voler la vedette par cet ourson qui déconne et détonne. Et puis vous aller me dire qu'importe, puisque ce que recherche avant tout McFarlane c'est créer un rythme filmique où la vanne et le délire sont rois. Et vous aurez raison quelque part.
Mais le gros ennui qui me fait parfois dresser les peluches, pardon les poils, c'est l'esprit global de cette comédie qui au fond est somme toute fort divertissante et sympathique : sans cesse, elle se veut coooooooooool. Alors on abuse des références jusqu'à frôler l'overdose et des clins d’œil hyper-appuyés de la culture geek parce que c'est méga coooooooooool (Indiana Jones, E.T., Star Wars, Alien...), sans oublier d'envoyer quelques crottes de nez à d'autres trucs geeks car ne pas aimer des trucs coooooooooools et ba c'est méga coooooooooool (Twilight, Superman, Justin Bieber...). Sans oublier que cet exercice subversif mettant en scène un personnage imaginaire qui parle avec une voix de star, fume des joints, drague tout ce qui bouge, et fait des références très marquées à la culture geek, a déjà été tentée il n'y a pas si longtemps avec un film qui portait déjà le nom de son héros en images de synthèse, "Paul", où le très bon duo british Simon Pegg – Nick Frost sévissait. Mais cette tentative avait plus ou moins fait un flop malgré son potentiel. Alors "Ted" surfe sur la même vague mais en évitant les pièges de ce qui semble être en tout point son modèle de base.
Mais en dépit de la peu originale trame sous-jacente à son intrigue principale (un éternel adolescent doit devenir un homme pour conquérir celle qu'il aime, et on sait tous qu'il va évidemment y arriver) , de ses personnages peu profonds (comme le « méchant » rival de Whalberg, manichéen à souhait), et donc de son attitude toujours trop coooooooooool, "Ted" reste toutefois une bonne comédie à l'américaine aussi débile que farfelue, comme on les aime les dimanches pluvieux, qui ravira tout les adeptes d'humour scato et ceux qui ont gardé leurs âmes d'enfants au chaud.