La nuit est calme, les vagues s'échouent tranquillement sur la plage. Soudain, l'eau se retire de la plage comme happée par quelque chose. Puis une vague géante s'abat sur la côté, emportant tout sur son passage. Cette vague a une origine. Ce n'est pas un simple tsunami, ce n'est pas causé par un séisme. C'est Godzilla qui se réveille ! Le film de Gareth Edwards sur le monstre légendaire a reçu, à sa sortie en 2014, un accueil assez mitigé. Et cela se comprend aisément. Après « Pacific Rim » sorti un an plus tôt, le public s'attendait probablement à un film de monstres du même genre, avec des affrontements titanesques entre des créatures gigantesques. En tout cas, les spectateurs espéraient voir ce fameux Godzilla en action. Il n'en est rien pourtant. En effet, dans ce long-métrage, Godzilla est en réalité un personnage quasiment secondaire. Même ses adversaires, les MUTO, ont plus de temps de présence à l'écran que lui. Evidemment, pour un film qui porte le nom « Godzilla » c'est frustrant. D'autant plus frustrant que lorsqu'il apparaît enfin, il est toujours caché, jamais entièrement montré et les scènes s'arrêtent à chaque fois pile au moment où il allait enfin entrer en action. Dans les trois quarts du film, on voit les conséquences des affrontements, mais pas les affrontements en eux-mêmes. Il est alors légitime de se demander : à quoi bon faire un film de monstres si c'est pour cacher les créatures ? Et c'est là justement que se trouve toute l'intelligence de Gareth Edwards dans sa réalisation. « Godzilla » n'est pas un film où tout est misé sur l'action. Ici, c'est le point de vue des humains qui est présenté. De ce fait, les monstres ne sont souvent vus que depuis le sol, en contre-plongée, ou cachés derrière des immeubles, dissimulés derrière un écran de fumée. Gareth Edwards minimise l'exposition de sa créature favorite. Ainsi, il préserve au maximum le mystère autour de ce monstre, on ne sait jamais quel est sa taille, ni sa force. C'est pourquoi, lorsqu'il est enfin réellement présenté dans toute sa splendeur, Godzilla prend toute son importance. Il redevient enfin ce qu'il est depuis toujours : une bête immense, incontrôlable et hors de porté de l'Homme qui est insignifiant à ses côtés. Cependant, les humains ont beau être au cœur du récit, les personnages principaux manquent de consistance et d'utilité. En effet, le scientifique joué par Ken Watanabe ne sert pas à grand chose, ni l'infirmière interprétée par Elizabeth Olsen qui se contente de pleurer son mari en danger incarné par Aaron Taylor-Johnson. La bande originale composée par Alexandre Desplat, est en revanche utile car elle renforce le caractère mystique et dangereux des monstres. Et bien sûr, les effets spéciaux sont excellents, on voit peu le visage de Godzilla mais lorsque c'est le cas, il en ressort de véritables émotions.Et Son cri résonne encore dans les mémoires. Gareth Edwards a donc choisi de ne pas faire un film de monstres, mais un film sur les humains avec des monstres qui arrivent. On comprend que cela ait déplu à une partie du public qui voulait plus de spectacle. Pourtant, la réalisation du cinéaste offre de belles séquences et le côté énorme des créatures ressort complètement, notamment grâce au jeu des proportions en plaçant l'Homme au centre du récit. Mais c'est ainsi, un blockbuster avec peu d'action mais de vraies idées de mise en scène ne semble pas pouvoir être accepté de nos jours.