Une fable moderne pourrait se composer ainsi :
HOLLYWOOD ET LE LEZARD
Hollywood ayant asséché toutes ses idées
Se trouva fort dépourvue
Quand celles-ci ne vinrent plus.
Plus un seul petit morceau
De robots ou de super héros.
« Pourquoi chercher quand cela a déjà été fait !
Reboot, Remake, Franchise et Suitagogo ! »
S’est elle-écriée,
Rendant alors magiques, ces quelques mots…
Elle alla crier sa faim
Chez le Lézard son voisin
La priant de lui prêter
Quelque projet pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle
Et ils paieront aussi
La pâtée créée que j’ai à dispenser.
Le Lézard lui laissa ses quartiers,
Et Hollywood les mains s’en frottait.
La machine à Jackpot déjà filait,
Et Dieu seul sait,
Que le train une fois lancé,
Est bien difficile à stopper…
En bons consommateurs, nous ingurgitons,
Savourons et digérons
Cette fade purée comme un met,
Revenant, tendues, les assiettes vidées,
Demandant encore satiété.
Beaucoup d’exemple, nous pourrions citer,
Mais cette fois-ci, c’est le lézard qui est ciblé.
En 2010, avec "Monsters", Gareth Edwards tenait là son "District 9" indé et promettait beaucoup dans le genre. Mais l’ombre d’Hollywood avide de talents s’en empara, pour ré-ré-réadapter son plus gros monstre ciné. Bon, Emmerich avait échoué mais le projet rimait avec curiosité. Alors, en bon mouton et comme un Kassovitz un peu naïf, pour nous rassurer, nous nous disions, « Jusque là tout va bien, jusque là tout va bien. » et suivions le projet de près. Mais pourtant, on sait comment cela finit. On sait pertinemment que le plus dur n’est pas la chute, mais l’atterrissage. Enfin disons plutôt ici, « crash », mot beaucoup plus évocateur.
Clichés sur clichés (plus assez de doigts pour compter) nourrissent un film sans goût. Les personnages ne sont que des robots au cœur de pierre qui ne servent qu’à montrer la force armée, préparée et surpuissante de l’Oncle Sam face à une énième invasion de monstres sur ses terres. A croire que les autres pays sont bien trop jolis pour être détruits. Même Bryan f*cking Heisenberg Cranston ne parvient pas à sauver les meubles au milieu de ces soldats pois chiche calibrés, du scientifique japonais dépressif, de la mère pas plus inquiète que ça, du père courageux patriote, du souvenir angélique d’une Binoche condamnée, de l'enfant perdu, du putain de chien survivant et d’un Godzilla plus fort que Superman, sauveur de l’humanité. Oh, c’est si beau que ça en devient presque romantique !
L’image cependant reste correcte sans non plus pousser jusqu’à la jouissance visuelle. Quant au son, ambiant et travaillé, il est certainement la seule pièce maîtresse de cette production de berger. Bien que reprendre le cri du T-Rex de Spielberg et en augmenter le volume jusqu’à cracher la bave des enceintes ne justifie pas un monstre de 100 mètres de haut.
Film spectacle pour repos de cerveau, cela était bien évident avant que le ticket soit acheté et la place en salle obscure occupée. Ce n’est pas la Palme qu’il y avait au bout me direz-vous, certes, mais de là à trépigner du pied en se demandant si finalement un supo et un dodo n’aurait pas été meilleure soirée, c’est peu dire…