Oubliez la déception Pacific Rim. Oubliez l’ignobilité que fut ce navet sans nom réalisé par « Le Maître de la Destruction ». Oubliez tout ça. La nouvelle référence du film de Kaiju est là. Et on pourrait presque dire du film de monstre tout court. Dans le genre film avec grosse bébête qui détruit tout, on a pas fait mieux depuis Jurassic Park premier du nom. Aussi simple que ça. Bon, concédons le fait que je n’ai pas vu les différentes versions japonaises du Roi des Monstres, mais en version moderne, ce film surpasse tout. Le scénario tout d’abord se révèle être plutôt solide, même s’il y a quelques faiblesses et que ça a été quand même bien américanisé. Les militaires américains ne sont cette fois-ci pas les grands méchants, mais plus les fouteurs de merde du quartier. Entendre par là que
de plutôt suivre les conseils du scientifique japonais qui étudie la chose depuis des années, ces bons braves gars de l’U.S. Navy veulent quand même intervenir « pour sauver des civils », mais surtout pour un peu sauver l’ego de Homo sapiens americanus. Le japonais le leur dit bien d’ailleurs.
Mais bon, on pourrait le leur pardonner si à la limite ils y arrivaient, mais comme ils finissent par le remarquer, c’est presque s’ils font pas plus de dégâts en intervenant. Et bien sûr, à cela faut ajouter le héros à qui il arrive toutes les merdes ou presque, mais qui
à la fin retrouve sa famille heureuse (ce qui n’est pas le cas de sa mère, prévisible, ou de son père, plus surprenant à la vue de la promo du film)
.
Mais l’essentiel dans tout ça : l’histoire de Godzilla ? Et bien il faut reconnaître que c’est là l’énorme atout et point fort du scénario du film. On a droit à une véritable origine, une explication presque scientifique mais surtout historique. Alors ouais, ça peut faire paraître le début un peu longuet, mais perso, pour ce genre de film, j'aime bien quand il y a une véritable introduction de la situation et une présentation de l'univers. Les différents monstres (parce que oui, il y en a plusieurs,
dont certains ont hérité magnifiquement d’un acronyme de notre U.S. Navy adorée
) sont parfaitement bien amenés. On découvre peu à peu les différents enjeux et on se régale. Godzilla nous est présenté là plus comme un monstre qui peut potentiellement exister et qui, surtout, à un autre but que de tout détruire sur son passage.
Presque si on lui ferait pas un check à la fin du film
. Idem pour les autres monstres (
sauf peut-être pour le check
) qui ont également une histoire à eux, un développement qui leur est propre et qui reste toujours aussi crédible que peut l’être une telle histoire dans un film avec des monstres de plusieurs dizaines de mètres de haut. Bref, ils ont vraiment leur histoire à eux, et les humains…ben ils sont simplement au milieu (bon, l’U.S. Navy les y aide bien aussi). Puis, l’énorme baston de la fin reste parfaitement bien dosée, gérée, avec certes une issue prévisible mais il y a son lot de rebondissement, de moments de tension et de surprise.
On pourra également trouver ici et là des références à Jurassic Park ou King Kong, les deux autres références du genre. Alors oui, il y a quelques facilités et trucs prévisibles, ainsi que des incohérences ici ou là. Mais dans l’ensemble, on passe un super bon moment et on dévore l’histoire. Typiquement le genre de divertissement qu’on peut voir et revoir sans se lasser tellement l’univers utilisé est riche et plein de potentiel.
Je vais rapidement passer sur le casting, parce qu’à part Bryan Cranston
(impérial mais qui apparaît au final peu de temps à l’écran
), le casting est vraiment moyen. Du très classique pour un blockbuster américain, pas de prestation vraiment marquante. Allez, peut-être que Watanabe reste le plus crédible dans son rôle, mais c’est pas franchement marquant. Quant aux militaires…bah ils font bien les militaires américains dépassés par les évènements qui enchaînent les conneries. Les rôles féminins sont de leur côté, comment dire…dérisoires, ou presque.
Passons donc au côté technique du film, même si ça sera là aussi court. En une idée : ce film est une quasi-perfection technique. Alors vous me direz que de nos jours, pour les blockbusters et à partir du moment qu’on aligne un budget conséquent, c’est pas difficile. Mais là, ça va au-delà. Alexandre Desplat nous pond cette fois-ci une BO bien différente de ce qu’il a l’habitude de faire, mais une BO qui sait se montrer épique ou dramatique quand il le faut, et surtout qui joue parfaitement avec les sonorités du film. Un véritable régal qui, sans être sa meilleure BO, surprend de sa part et reste quand même de très bonne facture.
La mise en scène ? Là-aussi excellente. Alors oui, comme pour la partie humaine du scénario, y’a des facilités et beaucoup de classique. Mais dès qu’on parle monstre, toute de suite ça devient magistral. Gareth Edwards parfaitement à jouer et incorporer la taille des monstres pour rendre le tout fluide et jouer avec nos sensations. Cette taille titanesque est utilisée à la perfection et mise en valeur à chaque plan, par des comparaisons ou des contre-plongées intelligente. Si au début du film on est plus caméra à hauteur d’homme (voire même caméra à l’épaule), on passe peu à peu avec des plans de plus en plus larges. Il y a une succession de plans et de séquences de toute beauté dans ce film qui donne la larme à l’œil, c’est incroyable. Mais là aussi, pour faire simple : le premier plan de Godzilla entier enterre à lui seul et définitivement le film de 1998.
Les décors sont là aussi magnifiques, que ce soit ceux en image de synthèse ou ceux en dur (enfin, en palpable disons). Les détails sont impressionnants, avec une minutie rare même pour l’heure actuelle. En terme de décors se faisant détruire, on n’a clairement pas vu mieux depuis 2012 (ouais, je sais, encore un film pas terrible de l’autre tâcheron, mais la comparaison se vaut quand même), ou Gravity. On en arrive enfin aux effets spéciaux…et ils sont sublimes. Les monstres sont justes incroyables de réalisme et de vie. On a beau savoir que ce n’est que des pixels, des 0 et des 1 dans un ordinateur, on ne peut que s’émerveiller devant tant de réalisme. Ils ont des comportements animaux, des mouvements d’animaux, des réactions d’animaux. C’est juste incroyable. Et leurs expressions…un truc de malade.
Ou comment réussir à faire exprimer de la terreur et de la pitié à une créature qui n’a même pas de véritables yeux, ou comment faire réussir à faire exprimer la sensation du travail fait, ou même du « bon, maintenant, tu fais chier, mange toi ça et dégage » à un monstre de plus de cent mètres.
Juste un truc de dingue. Là aussi, dans le genre d’animation de créature, le meilleur job fait depuis Richard Parker dans L’odyssée de Pi.
Quant à la 3D…elle est d’excellente qualité. Alors peut-être pas au niveau d’un Gravity, mais on atteint facilement celui d’un Hobbit voire même d’un Avatar, en réussissant à très bien géré la 3D d’intérieur. Même lors de séquences caméra à l’épaule, celle-ci reste suffisamment stable pour que la 3D soit efficace. La sensation de profondeur est réellement présente et nous immerge dans le film et donne une véritable dimension à plusieurs scènes magnifiques. Bon après, ceux qui veulent des objets qui jaillissent de l’écran, il est clair que ce n’est pas vraiment le cas ici.
Bref, Godzilla 31ème du nom se révèle être un excellent divertissement, un très bon film et se présente comme la nouvelle référence du genre. J’attendais beaucoup de ce film, d’autant plus après le revisionnage du film d’Emmerich, j’avais peur d’être déçu comme ce fut le cas ces derniers temps avec les blockbusters un peu originaux (Oblivion, After Earth, World War Z…). Heureux de voir que ce ne fut pas le cas, bien au contraire. Les fans du genre se régaleront devant ce film, et les autres passeront tout de même un excellent moment. Un conseil : à voir sur le plus grand écran possible à votre disposition (si y’a des séances IMAX pas loin de chez vous, précipitez-vous). Et à voir en VO (pour l’avoir vu, malheureusement, en VF, ce point-ci fut le seul négatif de la séance).