« Brooklyn Affairs », un excellent film aux images magnifiques, bourré d’humour, d’humanisme et de tendresse...
Un comble pour un film qui obéit aux codes du policier noir américain, mais qui trouve évidemment son explication dans la personnalité étonnante et hors normes de ce héros si particulier, qui à lui seul, fait toute la différence !
Quel phénomène en effet ce Lionel Essrog qu’interprète avec tant de justesse, de virtuosité et de finesse... Edward Norton lui-même !
Son syndrome de la Tourette aussi surprenant qu’il soit, apporte à son personnage quelque chose de très touchant et même curieusement, de très drôle en fonction des situations dans lesquelles il se trouve !
Quelle performance d’acteur que de pouvoir exprimer ce handicap à l’écran et de s’en expliquer aux yeux des autres, avec autant d’humilité et d’autodérision, et de trouver juste quelques mots simples pour en parler, pour imager ce qui se passe dans cette tête a l’envers ou à l’endroit !
Plus d’un instant magnifique de sensibilité nous est alors révélé, pour ponctuer cette enquête de purs moments de douceur et de poésie...
Et le voir mener ses multiples investigations tel un pied nickelé idéaliste, tout en étant particulièrement intuitif et extrêmement malin, est un vrai régal...
Alors bien sûr, en étant adapté du roman « Les orphelins de Brooklin » de Jonathan Lethem, l’intrigue et ses rebondissements ont leur importance, de même que ce rapprochement avec la belle et énigmatique Laura (Gugu Mbatha-Raw), mais on se laisse prendre surtout par cet énergumène peu commun et son allure débonnaire !
Les dessous de cette triste affaire durant les années 50 a NewYork, sont cependant riches de révélation et d’enseignement, et entendre le mode de pensée de cet effrayant urbaniste Moses Randolph, au bord d’une belle piscine décorée de mosaïques, prononcée dans la bouche même de cet homme d’affaires corrompu et sans scrupule, fait froid dans le dos en nous renvoyant à des procédés et un discours trop entendu par nos banquiers et politiciens sans état d’âme, qui nous gouvernent malheureusement aujourd’hui.
Et donc pour conclure, on retiendra beaucoup de points très positifs à cette brillante réalisation, dont la musique jazzy très ciselée et la photographie sublime par sa composition et ses éclairages sont lors de chaque scène, une véritable merveille, de quoi avoir envie de peindre des toiles tout en clair obscur, un peu à la manière d’Edward Hopper, pour ne pas dire Edward Norton bien sûr !
Superbe et envoûtant tout simplement...
Bravo !