Il est difficile de faire une critique clairvoyante et détaillée concernant The Tree Of Life, 5ème film de Terrence Malick, enfin si on peut appeler cela un film, car celui-ci relève plus d'une "expérience cinématographique" que d'un film "classique". Autant le dire tout de suite, il n'y a pas d'arc narratif propre et cela peut en rebuter plus d'un. On a dû mal à savoir où veut nous emmener Malick pendant au moins la première demi-heure, car tout s'enchaine de manière assez rapide et l'on se retrouve décontenancé, un peu perdu. Mais arrive la partie concernant la "genèse", comme un cheveux sur la soupe, car celle-ci étant amenée de manière un peu maladroite, brutale même. Pourtant force de constater que celle-ci m'a bluffée, la photographie et l'image alliées à la magnifique bande-son donne un sentiment de symbiose, d'adéquation. On est charmé, emballé par ce que l'on nous montre. Il est clair que cette partie du film résume le mieux The Tree Of Life, Malick est un faiseur d'image, cherchant la perfection visuelle, et il n'en est pas loin. La suite du récit et de ce "film" suit une trame plus "cohérente", plus "classique" et je dois dire que j'ai beaucoup apprécié cette partie, ces bouts de vies respirant l'authenticité, le réalisme, une certaines naïveté appréciable non péjorative. On vit avec cette famille, on ressent ce qu'ils ressentent, cette amour, ces moments de tensions ou de joies, on croit à ce que l'on voit devant nous. Ce n'est jamais prétentieux ou hautain, c'est tout simplement "vrai", la prestation remarquable des acteurs en est pour beaucoup. Le père est joué par un charismatique Brad Pitt, tout simplement énorme et bluffant de vérité, il représente la Nature, celle-ci étant considérée comme dure, brutale, voulant tout écraser sur son chemin pourtant non dénuée de bons sentiments. Jessica Chastain, que je ne connaissais pas, joue la mère, un rôle tout en finesse. Elle aussi, est bluffante de vérité, symbolisant la Grâce, l'amour dans son état le plus pur. Il y a aussi le jeune mais talentueux Hunter McCracken, jouant Jack (jeune), notre héros, à la perfection. Il dégage déjà à son âge un certain charisme accentué par son regard qui est profond mais aussi troublant. Sean Penn n’est aperçu qu’à de très rare occasion pour véritablement juger de sa performance, en tout cas lorsqu’il se retrouve à côté de Brad Pitt vers la fin, il se fait littéralement écrasé par celui-ci. Parlons-en de la fin, celle-ci dure, à mon goût, un peu trop longtemps et on ne cesse de se demander quand est-ce que Terrence Malick veut finir son récit. Cela peut lasser un peu. Pourtant, cet étrange voyage, cette ode à la vie et à l’amour, certes traité de manière un peu naïve, mais c’est ce qui rend le tout tellement humain, « vrai » et touchant, se termine à un moment et j’en redemanderais presque. En conclusion, un magnifique film (un chef d’œuvre dans l’avenir ?!) signé par l’atypique Terrence Malick qui n’a pas volé sa palme d’or à Cannes et qui continu son bonhomme de chemin sans se soucier des autres. Chapeau monsieur.