L'histoire d'une iranienne qui a compris que l'Europe était plus cultivée quantitativement, que son pays d'enfance. Avec les conséquences sur sa vie et son propos qui vont en découler.
On va parler d'abord des défauts, ça sera plus simple.
POURQUOI, pourquoi ce film est en Français ? Le perse est une langue chuintante très délicate et carrément jolie à l'oreille d'un Français, pourquoi donc n'est-il pas présenté en VO ou en VF, avec les mouvements de lèvres animés, ce n'était carrément pas un problème de proposer les deux versions.
Donc, à part le plaisir d'entendre la voix de la grand-mère hélas disparue du paysage hexagonal, c'est une grosse faute de goût. Car au contraire, le deuxième opus qui se passera sans doute à la capitale aurait eu plus de force parlé cette fois en franchouillard.
Passons maintenant aux qualités. Le dessin est très bien trouvé, par rapport à la BD, une très bonne interprétation des paysages ou des décors, à base de lavis stylisés, le « tout ordinateur » donnant une sacrée homogénéité continue, parfois émaillée de trouvailles graphiques de transitions ou simplement de belles images. L'animation est elle aussi fluide, passe parfaitement sur grand écran malgré sa simplicité parfois austère.
Ensuite, les dialogues et les scènes respectent bien l'esprit de la BD, c'est bien le moins, mais la surprise, c'est que ça passe l'épreuve du grand écran sans grosse difficulté.
Une petite réussite qui démontre un certain point de vue sur l'Iran, débarrassé de la langue de bois et encore plus de la maturité des poètes sur un pays qui a vu trop d'horreurs et d'erreurs pour se permettre le chef d'œuvre humaniste. L'auteure est franche du collier, hyper élitiste, sinon bobo, loin du gauchisme des réfugiés politiques au pays des lumières, loin des laïques convertis. Elle est seulement éprise de liberté et de culture, et ne comprend pas qu'au nom du respect de la tradition ou du courage, on puisse sacrifier le droit d'être heureuse loin de son pays d'origine, surtout s'il est rempli d'illêtrés fanatiques et nationalistes autant que pauvres, incultes et corrompus.
Contrairement à la bande annonce, c'est un film profondément triste, ne donnant aucune excuse à un processus qui a abouti à la fin d'un grand pays, et qui ne donne que l'envie de fuir quand on ne veut pas porter le voile de sa jeunesse et de sa liberté. Fera-t'elle l'erreur de critiquer son pays d'accueil comme d'autres ? Ce n'est pas certain, mais une suite est certaine, à Paris.