Nouveau film et nouvelle oeuvre d'une densité, d'une complexité et parallèlement d'une absence de complexes folle pour Paul Thomas Anderson. Toujours aussi fourni en réflexions et en potentiel suggestif, le film se veut l'histoire d'un homme, mais aussi d'une Nation, d'un pays, d'un mythe, du combat entre crime et religion, de leur union aussi, du capitalisme sauvage (Daniel Plainview n'est à cet égard pas sans rappeler, dans son autodestruction, le Howard Hugues de Aviator) ; bref, c'est un film d'une densité thématique que je crois n'avoir jamais retrouvé chez un autre réalisateur de la génération auquel appartient son auteur. Riche en allégories, investi d'une vraie puissance mystique, cette oeuvre de PTA revient aux sources du pays où son récit prend place, les revisitant sous un jour noir à l'aide du mythe du "crime-fondateur" - selon lequel la religion, (du latin religio, fait de relier) fut mise en place comme moyen de canaliser les pulsions communes sous la forme d'un sacrifice. Le travail sur l'image est formidable, la photo joue admirablement avec les contrastes par moments (alternance de lumière saturée, de plans sombres ...), et le syncrétisme image/musique inhérent à l'Oeuvre de PTA est ici balayé par le choix de musiques typiques de films d'horreur ou du moins de thrillers à suspense. Ce que There will be blood n'est pas, malgré son titre, par ailleurs hautement symbolique lui-aussi. Le cadrage est hiératique, et ajoute au malaise. Anderson s'est débarrassé de toute esbroufe, et pourtant There will be blood est sans doute son film le plus achevé visuellement. Oeuvre de la maturité ou pas, cette réalisation est en tout cas à nouveau très profonde. Si je ne prétendrait pas l'avoir parfaitement comprise, et si son analyse est délicate, le cinéma se vit avant tout, et There will be blood a quelque chose d'un chef-d'oeuvre. Il n'est pas sans défaut c'est certain, mais si sa vision ne m'a pas procuré un plaisir de tous les dieux, quelque chose dans sa finesse me fait éprouver le plus profond respect pour le travail qu'a fourni Paul-Thomas Anderson. Au moins un grand film, et sans doute plus. Si quelque chose peut d'ailleurs être ce plus, ce serait bien le jeu de Paul Dano, et surtout d'un Daniel Day-Lewis habité. A voir.