Attention : Grand film de Cinéma !
Paul Thomas Anderson, après Boogie Nights, passe du statut de petit génie du cinéma indépendant à celui de grand réalisateur, en signant ce qui a tout pour ressembler à un classique cinématographique. Portrait et biographie minutieuse résumée en une multitude de détails et d'effets, à l'image d'un Little Big Man ou de One Upon a Time in America, c'est sur 30 années que se dessine une fresque et le portrait épique d'un personnage terriblement mégalomane et hautement tragi-comique, passant de la sueur au sang (noir ou rouge), de la folle ambition à la folie.
Paul Thomas Anderson ne filme pas seulement un personnage, il filme un univers infernal, utilisant les couleurs de la terre, les contrastes, s'appuyant à la merveille sur le décor texan (Le même ayant servi à No Country for Old Men), ajoutant la viscosité de l'or noir et les grondements de la terre pour renforcer le style poisseux et colérique d'un ensemble ou s'agitent des individus toujours sur le fil de la démence. A noter également pour son importance dans la tenue du film, l'extraordianaire bande originale, cacophonique, baroque et omniprésente, signée par Jonny Greenwood, guitariste de Radiohead.
Comment décrire Daniel Day Lewis, légitimement oscarisé pour sa performance ? Il donne de sa personne, comme toujours, s'investit totalement dans son rôle, linguistiquement, morphologiquement, moralement. Il se transcende dans la démesure... Oui, il est un grand acteur, il l'est toujours et se surpasse encore. Cependant, dire qu'il porte le film sur ses épaules serait à la fois un euphémisme à la vue de son investissement personnel mais aussi réducteur pour l'ensemble du casting. A ses côtés, les seconds rôles donnent la réplique à merveille. A commencer par son double et anti-personnage, Paul Dano (Le jeune garçon plongé en plein mutisme de Little Miss Sunshine), merveilleusement angélique et horriblement terrifiant.
Bref, voyez ce vrai grand film de cinéma !