L'Ombre de Staline, œuvre "indispensable" selon Les Dernières Nouvelles d'Alsace, évoque l'une des pages les plus sombres de l'Histoire du XXe siècle : l'Holodomor, nouveau terme forgé en Ukraine pour définir l’extermination par la faim et son caractère intentionnel.
En l’espace de deux ans, de l’été 1931 à l’été 1933, près de sept millions de Soviétiques, dans leur immense majorité des paysans, moururent de faim au cours de la dernière grande famine européenne survenue en temps de paix : 4 millions en Ukraine, 1,5 million au Kazakhstan et autant en Russie.
À la différence des autres famines, celles de 1931-1933 ne furent précédées d’aucun cataclysme météorologique.
Elles furent la conséquence directe d’une politique d’extrême violence : la collectivisation forcée des campagnes par le régime stalinien dans le double but d’extraire de la paysannerie un lourd tribu indispensable à l’industrialisation accélérée du pays, et d’imposer un contrôle politique sur les campagnes, restées jusqu’alors en dehors du "système de valeurs" du régime.
Sorti en salles en 2020, le passionnant et haletant L'Ombre de Staline, qui est à la fois un polar, un film d'espionnage et une leçon d'histoire (qui permet de comprendre le conflit de la guerre en Ukraine), raconte l'histoire de Gareth Jones, journaliste débutant qui ne manque pas de culot.
Après avoir décroché une interview d’Hitler qui vient tout juste d’accéder au pouvoir, il débarque en 1933 à Moscou, afin d'interviewer Staline sur le fameux miracle soviétique.
A son arrivée, il déchante : anesthésiés par la propagande, ses contacts occidentaux se dérobent, il se retrouve surveillé jour et nuit, et son principal intermédiaire disparaît. Une source le convainc alors de s'intéresser à l'Ukraine. Parvenant à fuir, il saute dans un train, en route vers une vérité inimaginable...
"Le monde n'est pas au courant de ces crimes"
"On ne m'avait jamais demandé de faire un film sur l'Holodomor (récemment requalifié par la France en génocide). Cela faisait un moment que j'y songeais et que je disais qu'il y avait encore beaucoup de crimes commis par le régime communiste dont on ne parle pas", déclare la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland.
"Le monde n'est pas au courant de ces crimes, alors que l'Holocauste est un fait connu dans l'Histoire de l'humanité. Même les Russes et les habitants des républiques anciennement soviétiques ne parlent pas des crimes commis au nom du communisme, alors que Staline a tué plus de 20 millions de ses propres citoyens !"
Ce soir sur Arte à 20h55