C'est l'événement de ce début d'année dans l'univers des feuilletons quotidiens français : un impressionnant crash d'avion s'est produit à la toute fin de l'épisode de Demain nous appartient diffusé ce mardi 3 janvier sur TF1.
Habituée aux intrigues catastrophes depuis son lancement en 2017 - l'accident de bus, l'incendie du mas, l'éboulement de la grotte, tout ou presque est déjà arrivé aux habitants de Sète - Demain nous appartient a une fois de plus décidé de frapper un grand coup avec cette arche qui se poursuivra ce soir par de nombreuses scènes d'urgence et de chaos sur la plage. Et promet de rythmer le quotidien des Delcourt, des Roussel ou des Daunier pendant encore plusieurs semaines.
Qui dit crash d'avion sur la plage de Sète et tournage intensif en extérieur dit évidemment moyens mis en place par la production pour que le spectacle soit au rendez-vous et que les fans du feuilleton soient plus que jamais captivés par ce que leur proposent les scénaristes jamais à cours d'idées chapeautés par Nicolas Brossette. Un pari qui semble réussi au vu des réactions enthousiastes des téléspectateurs hier soir sur les réseaux sociaux.
Mais alors, comment la production a-t-elle préparé cette arche narrative de tous les dangers ? Comment l'avion a-t-il été conçu par les équipes en charge des accessoires ? Et comment le crash en lui-même a-t-il été filmé, avec tous les effets, notamment pyrotechniques, que cela suppose ?
Quatre semaines de travail pour concevoir l'avion
Comme nous l'a expliqué Giuseppe Savalli, le chef du département accessoire de Demain nous appartient, sur le tournage de ces épisodes catastrophes exceptionnels, la conception de l'avion en elle-même a nécessité environ quatre semaines de travail.
"On a mis en tout quatre semaines à conceptualiser et à fabriquer l’avion dans son ensemble", nous a expliqué celui qui a participé à la fabrication de Plus belle la vie et d'Un Si Grand Soleil, et travaille également sur Ici tout commence en parallèle de Demain nous appartient, dont il a rejoint l'équipe en début d'année 2021.
"On a commencé à construire la structure de l’avion avec des échelles, puis on a fabriqué tout le tableau de bord en 3D, tous les éléments un à un, et on a refait tout l'intérieur de l'avion pour qu'il ressemble au Cessna original".
"On a également ajouté des membrures au niveau des ailes, tout le long", poursuit Giuseppe Savalli. "On a créé une structure en bois à l'arrière de l'appareil pour lui donner un aspect profilé. Et on a fini par recouvrir tout l'avion et par le peindre en blanc".
Après ce long travail de conception, les équipes techniques de Demain nous appartient ont transporté l'avion en morceaux sur la plage de la Fontaine, où ont été tournées les séquences des épisodes des 3 et 4 janvier. Et c'est seulement une fois sur la plage en question que l'avion a été assemblé, avant d'être posé sur le sable à l'aide de patins qui ont été fabriqués et ajoutés à l'appareil.
Tractage de l'avion, explosions... cinq jours intensifs de tournage sur la plage de Sète
Avant de tourner le crash et toutes les séquences que les téléspectateurs découvriront ce soir sur TF1, Camille Genau, l'interprète de Sara, s'est rendue en octobre dernier dans les studios d'Un Si Grand Soleil, à Vendargues, non loin de Montpellier, afin de tourner dans l'avion, sur fond vert, toutes les scènes de l'épisode d'hier durant lesquelles Sara est en vol, en plein stage d'initiation au pilotage avec son moniteur.
Les équipes et les comédiens de Demain nous appartient ont ensuite répété pendant plusieurs jours sur la plage, durant la semaine du 7 novembre 2022, notamment dans l'optique de bien tester tous les aspects techniques du crash et les effets qui allaient avec.
Et c'est ensuite sur cinq jours, du lundi 14 au vendredi 18 novembre, que toute la partie des épisodes d'hier et de ce soir consacrée au crash a été mise en boîte sur la plage de la Fontaine à Sète. Avec un système de tractage pour l'avion, mais aussi divers dispositifs visant à créer de la fumée, des étincelles, du feu, et même une explosion qui interviendra à l'écran ce mercredi 4 janvier.
"Pour réaliser l'atterrissage d'urgence, ou plutôt le crash de l'appareil sur la plage, on a tracté l'avion avec un câble de 100 mètres", nous raconte Giuseppe Savalli entre deux scènes. "Pour que l'effet crash soit réussi et que ça rende bien à l'écran, on a créé un système venturi pour que, quand on tractait l'avion, sa glissade provoque l'effet d'une levée de sable".
"Pour le choc que suscite le crash, on a fait venir de la fausse poussière et on enterré des caissons de 1m20 de profondeur dans la sable avec à l'intérieur des canons à air comprimé avec lesquels on vide l’équivalent d’une bouteille de gaz en une fois. Tout sort d’un coup, l'effet est garanti. Cela nous donne notre projection au milieu. Et sur les côtés de l'avion, on a rajouté des coupelles avec, à l’intérieur, des explosifs maîtrisés qui permettent de créer un effet d'explosion quand le feu part sur les ailes".
"Les étincelles à fumée froide que l'on peut voir après le crash viennent de fumigènes qui étaient stockés sur l’aile et sur la queue de l'appareil", poursuit le chef du département accessoire de la série. "Aujourd'hui je m'occupe du départ de feu. Demain on est surtout axé sur le jeu des comédiens. Et jeudi (17 novembre, ndlr) on tourne un effet explosion, un peu comme dans les films américains, une fois que les personnages sont sortis de l’avion et qu’ils sont un peu loin. Pour cela, on utilise un percuteur de cartouches à gaz. Evidemment tout est complètement maîtrisé. On l’a déjà fait à plusieurs reprises".
La partie crash, que l'on a pu voir à l'écran hier, lorsque l'avion vient se poser en urgence sur la plage, a été tournée quatre fois de suite lors de la journée du lundi 14 novembre 2022. "Dans l’ensemble ça a bien marché", raconte celui qui s'y connaît en matière d'arches catastrophes puisqu'il a notamment travaillé sur l'explosion du mas d'Alex en avril dernier et sur le bal d'Ici tout commence en début d'année. "On a fait un poussage, pour filmer l’avion dans son ensemble par l’arrière, et trois tractages par l'avant".
Et si tout s'est déroulé au mieux, on apprend tout de même au détour d'une conversation qu'une idée a été abandonnée peu de temps avant le tournage. "À la base, l'avion devait perdre un aile au moment du crash, mais on a laissé tomber cette idée car on s’est dit que ça faisait un peu trop cartoon". Voilà donc une petite séquence que les fans ne verront pas à l'écran.
Impressionnantes à regarder, ces intrigues catastrophes sont tout aussi excitantes à concevoir pour Giuseppe Savalli et ses équipes. Même si le chef du département accessoire avoue que c'est également une source de stress.
"Ces arches sont évidemment géniales à concevoir, mais c’est beaucoup de stress. Il faut s’adapter, on a peu de temps. Et en ce qui concerne le crash, on a un seul avion (rires). On ne peut pas se permettre de se rater. En Colombie, sur le dernier film de Franck Gastambide, pour faire sauter une voiture à l'image, ils en avaient cinq à disposition sur le tournage".
Une chose est sûre : les moyens ont été mis pour rendre cette intrigue "Crash" inoubliable pour les fans. Et cela se voit à l'image. Cependant, Giuseppe Savalli assure qu'une telle arche arrive à être conçue et tournée à "moindre coût".
"On dépasse évidemment les budgets par rapport à une arche classique, mais on est loin de ce que cela pourrait être et de ce que l'on croit pour quelque chose d'aussi exceptionnel. Une séquence de fusillade, par exemple, pourrait facilement coûter plus cher que ça en préparation. Là, on arrive à maîtriser les coûts et à faire quelque chose de bien, c'est génial".
Et pour ce spécialiste des feuilletons, l'avenir de la quotidienne est forcément dans la lignée de que l'on peut voir en ce moment à l'écran dans Demain nous appartient et les deux autres feuilletons français. "L'avenir, en France comme dans le reste du monde, ce n'est pas Amour, gloire et beauté et ses trois pauvres décors en carton-pâte. C'est plutôt de l'exceptionnel et de la belle qualité d'image et de réalisation, comme ce qu'on fait ici, c'est certain".