"Columbo", c'est typiquement le genre de séries que l'on aime sans se l'avouer, et que l'on critique sans réelle raison particulière. Parce qu'au final, à quoi auraient ressemblé nos dimanches après-midi, enfermés à la maison par temps de pluie, si le brave Peter Falk n'était pas venu nous secourir de l'ennui et du spleen de Baudelaire? Il ne serait, à l'évidence, pas resté grand chose de nous, juste un âmas de "cendre et de poussière". Je vous laisse deviner doù cela vient. Parce qu'il faut tout de même reconnaître qu'en fait, "Columbo", c'est pas si naze que ça. Pire même, c'est carrément bien; quand t'es rentré dedans, dur dur d'en sortir. C'est exactement la même chose qu'avec Monk. Mais on en reparlera dans un autre article avec de plus amples détails. Le tout étant que "Columbo" est une série de grande qualité, un très bon cru policier qui change ( enfin ! ) des daubes que l'on croise, par ci par là, de nos jours à la télévision ( et ce 30 ans auparavant; je vous laisse réfléchir ). La première remarque que j'aimerai faire, c'est que "Columbo" est une série extrêmement en phase avec son époque : elle refoule les années 70, les sent à plein nez. C'est le pur produit de la jeunesse de son équipe technique, le genre de produit qualibré pour plaire à un public particulier, public qui n'existe plus de nos jours. Mais est-ce véridique que l'oeuvre reste enfermée dans son époque de parution? Non parce qu'autant que j'en sache, je suis loin d'avoir la quarantaine, et du haut de mes 17 ans, j'aime carrément le génie narratif et déductionnel de notre cher ami le plouc. Et je pense ne pas être le seul dans ce cas là, ne pas être la seule personne à avoir grandi avec telle ou telle chose, pour finalement découvrir, des années plus tard, le personnage le plus mythomane de la planète ( dans le doute, je n'accord pas de crédit à ce que dit sa femme ). La bande-son carrément perchée du tout, la mise en scène pleine de dlires visuels et d'effets tape à l'oeil, les décors et les costumes même des acteurs, tout respire les années 70. Et j'ai envie de dire que c'est tant mieux comme cela, car bien plus qu'une simple série policière, "Columbo" se veut le reflet de son époque, bien loin des séries aseptisées que l'on connaît tant. Non, je ne citerai pas les acteurs, et oui, c'est exactement ce que je viens de faire. Pour mieux parler de la réalisation, je l'ai trouvée oscillant constamment entre le style hitchcockien ( pour l'aspect thriller, bien que beaucoup moins réussi et travaillé ) et ces mêmes effets cités plus haut; cela nous offre donc un style très années 50-60, s'opposant étrangement à la nouvelle génération de réalisateurs, qui amènent leur patte à l'oeuvre, elle même souvent identique. La série possède donc une atmosphère particulière, une esthétique typique. Pour anecdote, il est amusant de savoir que Steven Spielberg a commencé sa carrière ne réalisant un épisode de "Columbo". True story. Parlons donc, à présent, de l'imposant travail d'écriture dont les scénaristes font constamment preuve. Là encore, c'est plutôt paradoxal : d'un côté, c'est vraiment original, le tout nous laissant souvent pantois, tandis que de l'autre, la trame des épisodes est constamment identique : rien ne change jamais au niveau du procédé narratif, faisant entrer le tout dans une sorte de linéarité scénaristique. Mais attention, cela n'occulte en rien la qualité des enquêtes : toujours bien imaginées, elle s'avèrent terriblement alambiquées, tellement que l'on ne pourra que s'incliner devant tant de réflexion, de finesse et d'habileté, le tout couplé à une ravissante maligneté. Cela, on le voit notamment en ce qui concerne l'écriture du personnag principal, le célèbre lieutenant que l'on ne nommera plus. C'est une sacrée invention que cet homme ci, auquel on s'attache dès sa première apparition. Son apparence banale, commune, son physique d'homme commun, et ses manières démontrant son appartenance au bas peuple ( ici, qui n'appartient pas à la haute bourgeoisie ) ne peuvent que le rendre proche de nous; l'identification est donc totale, d'autant plus que son génie imaginatif le rend instantanément supérieur à ses confrères de séries. Cette manière qu'il a de constamment s'attaquer aux riches est également un grand signe d'originalité : à ma connaissance, c'est un thème qui n'avait alors jamais été évoqué dans une série : la lutte des classes, l'art policier selon Marx. Cela le rend purement unique, et change complètement notre manière de suivre les séries policières, choses que seule la série "Monk" parviendra à refaire, 30 ans plus tard ( d'expérience seulement, je n'ai pas tout vu ). A noter, également, des acteurs fins, efficaces et charismatiques. En somme, c'est du tout bon. "Columbo" saison 1 est donc une série policière comme l'on peine à les faire de nos jours. Loin d'être parfaite, notamment de part son aspect esthétique daté, l'oeuvre convainc néanmoins de part l'originalité de son thème narratif, et l'aspect très attachant de son acteur principal, le regretté Peter Falk.