Un monument des années 80 ! Oui, c'est violent, aussi bien visuellement que verbalement, mais justement, c'est ce politiquement incorrect qui fait la force de ce film. Scarface explose tous les tabous de la société. Et à côté de ça, il est totalement lyrique et baroque. Grandiose de bout en bout. On se passionne pour le destin de Tony Montana et de son ami fidèle Manny, qui vont jusqu'au bout pour gravir les échelons et atteindre le sommet, même si cela signifie devoir assassiner des gens et vendre de la drogue. On frissonne lors de la scène de la tronçonneuse, qui est une scène hyper marquante. Avec le temps qui a passé, en plus, ce film possède le parfum mythique des années 80 et du Miami de l'époque, avec ces palmiers, ces belles voitures et ces ciels roses-violacés. Qui n'a jamais rêvé de passer une soirée au Babylon Club, temple de la fête et de la danse ? Derrière son apparence assez simple, Tony Montana est complexe. On l'aime et on le déteste à la fois. Oui, c'est un voyou et un bandit, qui a une grande gueule et qui peut se montrer terrifiant. Et pourtant, on s'attache à lui, notamment vers la fin du film lorsqu'il refuse de faire sauter une voiture dans laquelle se trouvent une femme et ses enfants. C'est d'ailleurs cela qui va causer sa perte. Finalement, il n'est pas assez pourri pour être un vrai caïd, contrairement à Sosa, son partenaire qui deviendra son ennemi juré. Tony, trop faible mentalement, finira détruit par l'excès de drogue. En fait, Scarface est l'histoire d'une ascension glorieuse puis d'une chute vertigineuse. Certains passages sont même assez émouvants, comme lorsque Tony retrouve sa mère et sa soeur, avec en fond la musique de Giorgio Moroder qui nous prend aux tripes. Certaines dialogues sont très marquants, comme lorsque Tony et Elvira se disputent au restaurant. Le trio Brian de Palma (réalisation), Oliver Stone (scénario) et Giorgio Moroder (musique) fait vraiment des étincelles. Quant à Al Pacino, il offre une performance exceptionnelle : il est vraiment dans la peau de Tony Montana, ce bandit qui a encore un fond d'humanité. Bref, un très très grand film, qu'on ne se lasse pas de voir et revoir malgré sa longue durée.