Brian De Palma signe avec "Scarface" un film marquant qui, bien que critiqué à sa sortie, a su s’imposer comme une œuvre incontournable du cinéma de gangsters. Cette transposition de l'histoire d'Al Capone à l'ère de la cocaïne à Miami dans les années 1980 nous plonge dans l'ascension fulgurante et la chute vertigineuse de Tony Montana, interprété par un Al Pacino au sommet de son art.
Dès les premières scènes, "Scarface" capte l'attention avec une représentation crue et intense de la violence et de la dureté de la vie criminelle. L'interprétation d'Al Pacino en Tony Montana est magistrale. Son jeu est à la fois exubérant et contrôlé, nous offrant un personnage à la fois terrifiant et fascinant. Montana, avec ses ambitions démesurées et son appétit insatiable pour le pouvoir, incarne parfaitement le rêve américain dévoyé.
La mise en scène de De Palma est remarquable. La caméra suit Tony Montana dans sa quête de pouvoir avec une intensité et une énergie palpables. La scène de la tronçonneuse, en particulier, est l’une des séquences les plus choquantes et mémorables du film, illustrant parfaitement la brutalité de ce monde souterrain. La violence est omniprésente, mais jamais gratuite, servant toujours à approfondir le portrait psychologique de ses personnages.
Le scénario d'Oliver Stone est une autre force du film. En s’inspirant du classique de 1932, Stone parvient à moderniser l’histoire tout en conservant son essence. Les dialogues sont percutants et les répliques de Tony Montana, notamment "Say hello to my little friend!", sont devenues iconiques. Stone ne se contente pas de montrer la violence et la corruption; il explore également les thèmes de l’immigration, de l'ambition et de la paranoïa, ajoutant des couches de complexité à l'histoire.
Michelle Pfeiffer, dans le rôle d'Elvira Hancock, offre une performance subtile et nuancée. Elle incarne parfaitement la désillusion et la déchéance d’une femme piégée dans un monde de luxe artificiel et de violence omniprésente. Les performances de Steven Bauer, Mary Elizabeth Mastrantonio et Robert Loggia complètent un casting exceptionnel qui donne vie à cette saga épique.
La musique de Giorgio Moroder contribue également à l’atmosphère unique du film. La bande originale, avec ses rythmes synthétiques et ses mélodies entraînantes, capture l’essence des années 80 tout en accentuant le drame et l'intensité de l'action.
Cependant, "Scarface" n'est pas sans défauts. Sa longueur peut parfois sembler excessive, et certaines scènes auraient pu être condensées pour maintenir un rythme plus soutenu. De plus, la glorification apparente de la violence et de la criminalité peut être perçue comme problématique, bien que le film ait été conçu comme une critique plutôt qu'une célébration de ces thèmes.
En conclusion, "Scarface" est une œuvre complexe et audacieuse qui, malgré ses imperfections, mérite d’être saluée pour son impact culturel et sa puissance narrative. Le film de De Palma, porté par la performance époustouflante de Pacino et le scénario incisif de Stone, reste une référence incontournable dans le genre des films de gangsters. Il continue de captiver et d’inspirer, prouvant ainsi sa place méritée dans l'histoire du cinéma.