« Les toiles et les bouquins ! J’aimerais que tu penses à autre chose de temps en temps. »
Les années ’80, dans la culture populaire aux Etats-Unis, ont été l’occasion d’un revival nostalgique des années ’60, qu’il s’agisse du retour du rockabilly (les Stray Cats, les Cramps, la redécouverte d’anciennes gloires à la faveur de BO de cinéma ou de pubs), de la mode (les vestes de collège), des séries télévisées à succès (Happy Days) ou du cinéma (Grease, American College, Stand by Me, Retour vers le Futur, Porky’s, Peggy Sue s’est Mariée du même Coppola). The Outsiders est à classer dans ce mouvement culturel, offrant, outre l’habituelle implication familiale (Francis Ford à la réalisation, le papa Carmine à la musique, le fils Gian-Carlo à la production et la fille Sofia dans un petit rôle) une distribution de rêve en termes de nouveaux talents, dont plusieurs membres plus ou moins affichés du Brat Pack, prêts à envahir durant la décennie et parfois même plus, les plateaux de cinéma : C. Thomas Howell (Hitcher de Robert Harmon, Toscanini de Franco Zeffirelli), Matt Dillon (Rusty James du même Coppola, Drugstore Cowboy et Prête à Tou de Gus Van Sant), Ralph Macchio (la saga Karate Kid, Mon Cousin Vinny de Jonathan Lymme), Patrick Swayze (Dirty Dancing d’Emile Ardolino, Ghost de Jerry Zucker), Rob Lowe (Hôtel New Hampshire de Tony Richardson), Emilio Estevez (Breakfast Club de John Hughes), Diane Lane (Rusty James et Cotton Club, toujours de Coppola), Tom Waits dans un tout petit rôle, chanteur et acteur fétiche de Coppola, Jim Jarmush et Terry Gilliam et, enfin, Tom Cruise. On notera également un caméo de l’autrice du roman dont est tiré le scénario.
Quête initiatique de deux ados d’une bande des bas quartiers de Tusla, portée, comme souvent chez Coppola, par une BO parfaite, l’oeuvre bénéficie d’une réalisation classique ponctuée d’effets simples mais efficaces, la caméra sans cesse braquée sur les expressions des protagonistes ou opérant en plan large comme un théâtre d’ombres. La direction d’acteurs est tout simplement parfaite et, malgré des dialogues basiques et réalistes, l’ensemble a quelque chose de shakespearien, à travers une rivalité ancestrale et le poids du destin, très sobrement résumé lorsque le héros et narrateur Gresar Ponyboy est invité par un Soc à discuter dans sa voiture.
Film en apparence superficiel, The Outsiders est un chef d’oeuvre dense et intemporel, d’une impressionnante maturité.