Voilà un jalon essentiel de l’Americana, un coup de maître auquel on ne s’attend jamais. On voit en plus les éléments qui reviendront souvent dans les futurs Malick. Une originalité assumée, un souffle poétique brutal, un montage d’une créativité formelle qui donne à penser qu’il y a plusieurs films en un seul. Le microcosme, (insectes, animaux, plantes), lié au macrocosme, (le vent, les moissons, les saisons). La voix off de la gamine qui raconte l’histoire, avec une certaine naïveté narrative, elle dédouble le récit, qui est fresque visuelle, et en même temps conte dramatique. C’est un mélodrame, car il y a une histoire d’amour contrariée, un drame car il y a meurtre, un manifeste, car on assiste à la mort symbolique de l’ancienne Amérique, la sédentarisation et la «mise à la raison» de la nature, celle des derniers espaces vierges, par l’industrialisation et les moissons justement. Il faut quand même reconnaître que la nature reprend ses droits de temps en temps. Et la encore, qu’elle nature? La nature humaine (passion, violence qui éclate) et la nature tout court, (catastrophe naturelle, instabilité des éléments). Il est des films dont le statut ne se discute pas ou très peu, et ça en moins d’une heure trente de temps cinématographique, comme quoi tout est une question d’équilibre. En bonus, il y a aussi Richard Gere qui joue le rôle de «Cheval fou», juste pour nous faire oublier tous les rôles glamour à venir, c’est pas beau ça?