Je me souviens, la première fois que j’avais vu Alien. C’était vers mes onze, douze ans, quand je me disais que j’avais l’âge de voir des films d’horreurs. Sauf que dans l’effet, j’étais une sacrée tapette, et voir des films récents plein de jump scares, c’était un peu trop pour moi. Du coup, je m’étais réfugié dans des films plus vieux, donc moins terrifiants (cette triste époque où j’étais incapable de me rendre compte de l’intelligence d’un scénario ou l’ingéniosité d’une mise en scène). C’était donc vers cet âge que je découvrais Freddy les Griffes de la Nuit, IT (le clown), et également, le fameux Alien. Mes amis, avec qui j’avais vu le film en étaient venus à cette conclusion : c’est vieux, ça a mal vieilli, ça fait pas peur, c’est nul (notre sens critique était alors très développé).
Cependant, contrairement à un Freddy les Griffes de la Nuit qui m’a marqué comme pas possible, Alien s’est peu à peu effacé de ma mémoire. Du coup, quand j’ai eu l’occasion de revoir le film plusieurs années après, je me suis dit qu’il était enfin temps de voir la véritable nature d’Alien. Une chose m’avait alors frappée à l’esprit lors de mon nouveau visionnage, je me souvenais de tout. De chaque événement. Je savais exactement ce qui allait se passer, comment le personnage allait se faire attraper par ce foutu Alien. Je n’avais strictement rien oublié des péripéties de l’équipage du Nostromo.
Et en fait, ça m’a pas empêché d’être surpris !
Il est vrai qu’Alien a mal vieilli, et qu’il en souffre (comme Blade Runner, toujours de Ridley Scott d’ailleurs), mais le truc, c’est que le film marche quand même. Ainsi, j’ai à de nombreux reprises, tremblé de terreur devant les apparitions d’Alien, qui sont chacune merveilleusement bien réalisées. C’est simple, j’ai tremblé (ça m’arrive rarement). Dans mes souvenirs, il n’apparaissait que très rarement, et c’est pour moi, ce qui en faisait sa faiblesse. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse. Il s’agit bel et bien de sa force. Car rien qu’avec son ambiance de danger permanant, Ridley Scott réussi à créer un sentiment de paranoïa, on a constamment peur que l’Alien débarque à tout moment. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est quand on s’y attend le moins, qu’il apparaît. Et ce qui m’étonne encore plus, c’est que chacune de ses entrées en scène est mémorable et que même dans le plus improbable des instants, il sera toujours là pour vous faire sursauter. C’est clair et net, cet Alien, il fout les jetons ! Et pas qu’un peu !!!
Et quand j’y pense, l’Alien, le vrai, n’apparaît qu’au bout de cinquante minutes. Et là, apparaît la nouvelle faiblesse du film pour moi. La première heure est vide (comme Blade Runner, toujours de Ridley Scott d’ailleurs). Je veux bien croire qu’on met, là, en place une ambiance cauchemardesque et dont les secours sont à plusieurs années lumières. Je comprends qu’on veuille bien mettre en place l’intrigue (pour que la suite soit géniale), je comprends qu’on veuille étirer les passages aux max pour étendre un maximum l’instant d’angoisse. Mais c’est tellement étiré que l’angoisse a fini par se changer en ennui (et donc les retournements de situations sont tout de suite moins convaincants). Et en même temps, ça permet de bien caractériser les personnages, ça fait découvrir l’univers. Mais le truc, c’est qu’on s’ennuie grave !
Mais le résultat est là quand même : le film est efficace. Clairement, le film atteint les sommets de l’horreur et j’aurai vraiment pas voulu être à la place des gens qui sont allés le voir au cinéma. Parce que ce film fout les jetons ! Et c’est, en parti, pour ça que je l’ai revu, parce que je voulais comprendre pourquoi les gens avaient peur devant.
Maintenant, j’ai compris. Maintenant, je vais aller me coucher, enfin, si j’y arrive.