Gaspar Noé n'est pas toujours aimé ou compris et ça peut se comprendre par divers aspects mais il faut reconnaître qu'il fait partie de la courte liste de cinéastes français (Noé est d'origine Argentine mais à grandit en France) qui n'ont pas peur d'aller au bout de leurs idées. Récemment Julia Ducournau, à mon sens, s'est ajoutée à cette liste, avec GRAVE, tandis que Pascal Laugier est revenu avec un GHOSTLAND plus que dérangeant mais d'une maîtrise remarquable, visuellement et techniquement.
Je n'avais vu que IRREVERSIBLE de Gaspar Noé et il m'avait trop choqué pour que je puisse le revoir une seconde fois. Toute fois une autre réalisation deu metteur en scène m'a très longtemps intrigué : ENTER THE VOID.
Découvert il y a seulement quelques jours, le film m'a mis dans un état jamais vécu auparavant.
Un état profond, pas toujours agréable mais un état unique, qu'on est heureux d'avoir vécu, tellement l'expérience est intense.
Ce n'est que le lendemain ou le sur lendemain qu'on parvient à savoir si on a aimé ou pas cette troisième réalisation de Gaspar Noé.
Pour ma part, j'ai adoré cette oeuvre, ce trip du Septième Art.
ENTER THE VOID n'est, certes, pas sans défauts mais ses défauts rendent ce long métrage incroyable, je trouve !
Il a eu un effet psychique sur moi.
Les thèmes abordés sont profonds : La mort, la réincarnation, la drogue, l'amour et le sexe en sont les principaux, mais Gaspar Noé aborde ces sujets à sa manière, sans en faire quelque chose de complexe pour autant.
L'ambiance globale est lourde, sombre ( malgré les lumières de Tokyo et les effets stromboscopiques ) et nous embarque dans une suite d'événements vraiment pas joyeux, mais l'originalité de la mise en scène nous transporte totalement dans un trip hallucinant. Malgré quelques longueurs, le récit ne nous perd jamais vraiment.
Les personnages ne sont pas forcément hyper développés mais ils ont tous quelques chose de spécial. Paz de la Huerta n'est pas le genre d'actrice que j'aime particulièrement mais sa performance est assez marquante.
Le personnage de Nathaniel Brown est quant à lui très intéressant et attachant.
La première partie du film est d'une maîtrise totale ! Plans séquences, immersion, dialogues, trips, événements... Tout y est et tout est dingue ! Comme le générique de début qui affiche de manière stromboscopique le casting et le titre du film.
On comprends à partir des ces premières secondes, qu'on est face a une oeuvre complétement expérimentale.
Les couleurs, les plans flous et planants provoquent d'étranges sensations, tout au long de l'histoire, comme l'effet d'une drogue, qui est un sujet important du récit, d'ailleurs. C'est sans doute l'aspect qui peut repousser beaucoup de personnes : "L'apologie" de la drogue, l'image du sexe dans son état brut, certains abus de plusieurs moyens de mise en scène...
Certaines scènes sont déroutantes et la mise en scène si spéciale rend l'ensemble très immersif et dés les premières minutes. Le réalisme est impressionnant dans ce métrage. Les effets sonores sont également importants et parfaitement travaillés pour nous plonger dans ce fonds abyssale et psychédélique.
Qu'on puisse détester ce long métrage, c'est tout à fait justifiable, car il est particulier par de nombreux aspects : Sa mise en scène, son histoire, les sujets abordés, les scènes de sexe explicites ou de trips sous l'effet de drogues, sa longueur etc etc...
Certains pourront trouver que c'est ce qui fait de Gaspar Noé, un vrai génie, ou un cinéaste raté.
Personnellement je ne peux qu'être admiratif de réaliser une telle performance technique et une telle oeuvre.
Cependant il est certain que cette oeuvre dérange psychologiquement !
C'est oppressant, perturbant, et tellement prenant, à la fois.
Mais une oeuvre qui bouleverse, qui choque, n'est-elle pas une oeuvre réussie ? Je pense qu'il est important dans cette oeuvre de se poser la question car malgré le fait que le film peut effectivement mettre mal certaines personnes ou tout simplement ne pas plaire, il est pour moi, juste de penser que c'est un film marquant et qui ose des choses que nous n'avons jamais encore vue dans l'histoire du Cinéma. Pas forcément dans ses sujets mais dans sa construction, son esthétisme et son originalité.
Une oeuvre, que ce soit dans le Cinéma ou dans un autre domaine, n'est pas forcément mauvaise parce qu'on ne l'aime pas. Un film qu'on a pas aimé n'est pas un film raté, à partir du moment où il a provoqué quelque chose en nous. Que ce soit négatif ou positif, ce n'est qu'un point de vue, de sensibilité... Et c'est là qu'est toute la force d'ENTER THE VOID : Il marque le spectateur ! Peu importe dans quel sens ! Merci Gaspar Noé, pour cette oeuvre si particulière mais si unique. C'est du grand art et l'art doit s'exprimer ainsi : Peu importe que ça plaise ou non, l'important c'est de s'exprimer avec notre vision et de laissé un souvenir, une sensation.