WOW. Je viens de sortir des 2h40 du dernier film de Gaspard Noé, Enter the Void, et je suis sous un énorme choc ! Quelle putain de tuerie que ce film, un pur délire épileptico-réaliste de 155 minutes, une expérience cinématographique comme on n'en a jamais vu avant. Nom de dieu je ne vous dis pas dans quel état je suis, ce film est une bombe. C'est bien simple : il réunit exactement tout ce que je voulais voir au cinéma depuis un moment, à savoir une reconstitution exacte de ce qui se passe éventuellement après la mort, du point de vue de la théorie de la projection astrale. Un film qui mélange délire et bizarrerie, ne serait-ce que part l'étrange façon de filmer et par le sujet abordé, au coeur d'un Tokyo rongé par la drogue, la violence et le sexe. En partant de ce phénomène, l'un des postulats de la vie après la mort est le suivant : la projection astrale serait un aperçu de ce qui va nous arriver après notre mort. Quand nous mourrons, notre corps est séparé de notre esprit, lequel continuera de se balader dans le monde (s'il le choisit). Cette théorie présente, en gros, la mort comme un dernier super-trip complètement dément, et le film reconstitue ça à la perfection. Le film nous montre donc l'histoire d'Oscar, un jeune dealer au beau milieu de Tokyo qui vit avec sa soeur Linda, strip-teaseuse. Mais ce jour-là, tout va mal se passer pour Oscar qui va se prendre une balle dans la poitrine par la police et mourir dans un bar, le Void. A partir de là, on assiste pendant 2 heures au dernier voyage d'Oscar (ou plutôt son esprit) à travers la ville. Premièrement, le film débute par un générique comme on n'en a jamais vu. Totalement psychédélique, qui clignote de partout avec une bonne musique violente qui annonce directement la couleur : ce film n'est pas comme les autres, épileptiques s'abstenir. Puis, pendant la première demie-heure, on voit un court moment de la vie d'Oscar à la première personne, et autant dire que c'est dément. Les scènes sont sublimes, du début à la fin du film, et on en prend la vue. Ca va des clignements des yeux à une scène de trip hallucinatoire complètement dingue, jusqu'au moment où notre ami se fait dézinguer dans les chiottes du bar et meurt. Son esprit se met alors à flotter au-dessus de lui, et c'est là que commence le trip de 2 heures. Je n'ai jamais vu une telle chose, ce film est un OVNI du cinéma totalement déjanté, réaliste et parfois émouvant. Une expérience unique qui nous fait jubiler. Je n'ai pas arrêté de me dire pendant tout le film "putain, que c'est bon ce truc ! Je ne sais pas ce que c'est mais c'est jouissif". Le film nous montre ce qui se passe (éventuellement) après la mort. A savoir : nous revoyons d'abord toute notre vie défiler. Deuxièmement, notre esprit flotte et se promène où il veut pendant quelques temps. Enfin, il doit faire un choix : continuer le voyage ailleurs ou rester dans ce monde. S'il choisit la deuxième possibilité, son trip va se transformer en bad-trip, en cauchemar. Le film est donc divisé clairement en 4 parties, et on est toujours sous le point de vue d'Oscar, exactement comme si tout le film nous arrivait personnellement. Premièrement, la phase "fin de vie", où on voit les derniers moments du personnage à la première personne. Terriblement bien foutu. Ensuite, sa mort. Il voit alors sa vie défiler devant ses yeux, on a donc droit à 50 minutes de flashbacks, qui nous en apprennent plus sur sa vie et ses relations avec sa soeur, ses amis. Cette partie est entièrement filmée depuis le dos d'Oscar. C'est-à-dire qu'Oscar assiste à ces flashbacks depuis l'arrière de lui-même, mais plus à la première personne. Troisièmement, la période de "fantôme", où Oscar se balade un peu partout, voyant en direct les réactions de ses proches à sa mort, ce qui nous en apprend beaucoup plus, notamment sur certains détails qu'on n'avait pas forcément compris au début. Cette phase est entièrement filmée d'en haut, c'est-à-dire que l'esprit d'Oscar est à présent toujours au-dessus, surplombant la ville ou ses proches de façon parfois hasardeuses. Cette partie est assez touchante et émouvante, car les personnages sont seuls et démunis, attristés par la mort du personnage et semblent ne pas du tout s'en sortir... Enfin, la phase "cauchemar" ou Oscar se met à voir des choses qui ne lui plaisent pas, comme la déchéance de ses amis ou de sa soeur, ou des remémorations du terrible accident de ses parents. Pour ce qui est de la compréhension du film, elle se fait très bien : il suffit d'écouter attentivement les paroles d'Alex au début du film lorsqu'il descend les escaliers et résume à Oscar la vie après la mort selon le Livre des Morts tibétain. C'est cette seule explication qui va nous permettre de comprendre les étapes exactes du dernier délire d'Oscar, de savoir où il en est. Bref, il ne faut pas louper ce film unique et hors norme. C'est quelque chose qu'on ne reverra pas de si tôt ! La critique complète : http://0z.fr/W6yzs