Le film a une teinte particulière, quelque chose entre le sépia et la saturation des couleurs. Cette couleur nest pas due quà limage, il y a comme une angoisse sourde, une ambiance inquiétante, une sorte de déliquescence latente. Les deux personnages principaux, le flic et le dessinateur, ne sont pas des héros typiques américains, ils traînent avec eux une sacré dose de mélancolie, dinefficacité. Ils peinent à sadapter aux situations, ne représentant absolument pas le rêve de la réussite américaine. A leur refuser presque tout charisme, à les faire passer pour des personnages ordinaires, le réalisateur les rend très abordables, comme familiers.
Le souci, cest quil ny a pas grand chose en face deux. Le tueur, le méchant, le représentant du mal est absent, comme inexistant. Ses lettres et les indices quil laisse de façon évidente, sont abstraits, sans motivations apparentes; le mystère de ce tueur devient si opaque et si négligé par le scénario quon décroche parfois de lenquête, malgré le soin apporté à la mise en scène, qui situe le film au dessus de la moyenne de la production actuelle, mais distillant tout de même un léger ennui.