« Who made you judge and jury ? »
Film ancré dans la fin des années ’80, par sa musique et ses costumes, The King of New-York est aussi un film intemporel questionnant le bien, le mal et, surtout, la gigantesque palette de nuances qui baignent le fossé entre les deux rives, jusqu’à les submerger. Là où la plupart des films du genre prennent le parti de l’un ou l’autre, parfois jusqu’au binarisme fascisant, Abel Ferrara nous pose son histoire de façon hyperréaliste, sans jugement aucun, sans même esthétiser la violence qu’il filme pourtant sans concession. Il y a quelque chose de melvilien, de scorsesien dans sa façon de capter les moments d’humanité dans les débauches de coups de feu et les insultes, ce quelque chose qui préfigure Tarantino. Il y a aussi du Nietsche dans le nihilisme de façade proposé par le scénario.
Ainsi, l’enfant du Bronx raconte son quartier, sa ville et ses anti-héros du quotidien, des bas-fonds au Plaza, des petites frappes hantant les couloirs du métro au parrain du trafic de drogue en passant par les policiers qui, pour certains, sont prêts à tout pour coffrer ce dernier et ses sicaires.
Au-delà du bien et du mal, ce film puissant et magistralement réalisé, interprété à la perfection, notamment par Christopher Walken, a mérité son statut de film culte.