Film culte dépeignant le milieu criminel new-yorkais de la fin des années 80, The King of New York reste aujourd'hui l'une des plus réussies et des plus mémorables œuvres d'Abel Ferrara. Nous y suivons la sortie de prison d'un caïd de la drogue et sa reprise en main du business, avec ses hauts et ses bas, mais surtout la peinture d'une ville mal famée à une certaine époque, une ville vivante, sale, sombre, pourrie où y vivent petites frappes, gros bonnets, policiers violents et drogués dégueulasses. Un monde pas franchement rose pour la ville du Rêve Américain... Le Roi, c'est Frank White, la classe incarnée. Le sourire aux lèvres, la joie de vivre et d'une fermeté effrayante, le caïd en impose. Mal perçu par ses confrères pour "traiter avec des nègres", envié par certains, respecté par beaucoup, justicier dans l'âme et insaisissable proie pour la police, Frank est un personnage énigmatique auquel on s'attache dès les premières minutes. Vendeur de drogue en masse, il se débarrasse rapidement des gêneurs, des pédophiles et des crapules sans cœur tout en s'investissant dans le sauvetage d'un hôpital défavorisé. Frank est un être bon qui a ses mauvais côtés, ou inversement. Il est accompagné par la même bande de rigolards lui obéissant au doigt et à l'œil, fans de rap et de malbouffe qui, tout comme leur maître, ont toujours la main sur le cœur pour aider le plus faible. C'est d'ailleurs sur ce portrait baroque d'une criminalité pleine de vie que le film porte principalement l'intérêt. Certes bien moins ambitieux que Scarface ou encore Les Affranchis, dans le même registre, The King of New York s'avère tout de même passionnant, la mise en scène sobre et réaliste de Ferrara, l'atmosphère typique du New York des années 80 et la fantastique performance d'un Christopher Walken comme d'habitude impressionnant jouant à la faveur de ce film malheureusement boudé à sa sortie.