Réalisée par Kévin Reynolds, Tristan et Yseult (2006) est une adaptation cinématographique de la légende celtique du tristement célèbre couple Tristan et Iseut.
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L’histoire d’amour de ces êtres de fiction portée sur écran est à même de combler les espérances de ses fervents admirateurs. Hormis les distorsions opérées entre les textes originaux et la réalisation cinématographique – évoquées postérieurement – le scénario aux couleurs historique apporte une part de réalisme intéressant, puisqu’original dans la présentation des faits originellement empreints de magie. L’aventure prend effectivement une autre dimension ; une nouvelle vision susceptible de diviser le spectateur.
En mettant de côté cet aspect purement subjectif, il est toutefois mérité de soulever le judicieux choix de casting. Sans être éblouissante, la prestation des acteurs est juste ; même si, après avoir endossé correctement le rôle de Tristan, James Franco a prouvé autrement l’étendue de son potentiel.
L’esthétique visuelle et sonore s’avère appréciable ; l’ambiance générale, les costumes et les décors, en adéquation avec l’imaginaire crée en amont du visionnage, exception faite de quelques détails frappants.
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En effet, éloignés de la représentation mentale réalisée après lecture, ou grâce aux images de grandeur véhiculées à travers la culture commune autour de l’époque médiévale, les royaumes dévoilés tendent à décevoir par leur manque de panache au niveau architectural ou organisationnel. Comme expliqué précédemment, cette mise en scène, pour le moins humble, rejoint certainement le goût de conférer un aspect davantage réaliste au film et, par ce fait, se défend.
Débarrassée de toute trace de merveilleux, l’œuvre filmique peut néanmoins désenchanter les sens, en comparaison avec la richesse poétique parcourant, par exemple, les pages de la version donnée par Joseph Bédier au XXème siècle, intitulée Le Roman de Tristan et d’Iseut. La trame, bien que superbement adaptée et réaménagée, fait par conséquent l’impasse sur les éléments essentiels de la romance. Dès lors privée d’un apport magique, lyrique, puissant, elle perd la profondeur et l’intensité propre à la sublime et tragique destinée des deux amants.
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Sans prendre en considération la beauté primitive du mythe, le Tristan et Yseult de Kévin Reynolds saura aisément séduire un public sensible au drame romantique historique.