Quelle déception ! Où est passé le dragon, le philtre d’amour (quoique je ne sois pas vraiment fan du concept), le cheveu d’or emporté par le vent, la fuite dans la forêt, Yseult aux blanches mains, le bateau à la voile blanche/noire ? Mais quelle est donc cette manie des réalisateurs américains, lorsqu’il s’agit d’adapter un mythe à l’écran, de l’amputer de tout ce qui avait élevé ce dernier au rang de… : mythe, justement ? Si les composantes célèbres de cette histoire ne plaisaient pas à Kevin Reynolds, il n’avait qu’à mettre en scène tout autre chose, car ce qu’il nous présente est bien éloigné de la légende de Tristan et Yseult. Pour commencer, l’histoire d’amour est complètement noyée, pour ne pas dire occultée, par tout le reste (la guerre avec l’Irlande…). Elle n’apparaît que comme une intrigue secondaire du film. Le film s’appelant « Tristan & Yseult », ça fait tout drôle. Tristan envoie paître Yseult la moitié du temps, et passe l’autre moitié à larmoyer. On a d’ailleurs un peu de mal à comprendre comment Yseult a pu s’amouracher de ce grand machin pas très bavard, à la coupe de cheveux assez hasardeuse, et qui ne partage ni sa sensibilité artistique, ni son désir de liberté. James Franco et Sophia Myles dans les rôles titres font de leur mieux, mais Myles est décevante et fade, et Franco manque cruellement de passion, de fougue. Son respect déconcertant du devoir le place aux antipodes du Tristan dévoué corps et âme à son amour et « lumineux » que j’avais étudié en 3e. De plus, leurs rencontres secrètes font davantage penser à deux ados en rut qu’à des amoureux sincères. Les dialogues sont souvent creux et débités sans grande conviction. Ils ont donc bien du mal à nous émouvoir et à faire croire à leur amour. Et quelle fin pitoyable ! De toutes les libertés prises avec l’histoire, c’est bien la pire. Bref, j’ai bien peur que même pour ceux qui ne connaissent pas la légende, la mayonnaise ait du mal à prendre.