Ce n'est pas le pire film de Hanecke mais on reste assez consternés. En dépit du jeu médiocre d'Auteuil et de Bénichou, l'intrigue pourtant est intéressante, l'imbrication des scènes filmées par on se sait qui avec les scènes mêmes du film passe très bien. On attend beaucoup mais on reste sur sa faim, voire on est affligés. Le ressort du tout reste bien mince et ne peut justifier l'intrigue. Qu'un enfant de six ans invente un mensonge sur un autre pour conserver l'amour de ses parents qui lui imposent un faux frère illégitime, intrusif, violent, et menaçant, c'est plus que compréhensible. D'ailleurs avoir révélé que le petit Arabe crache du sang afin de l'éloigner en sanatorium aura également rendu service à tous, au petit malade en premier. Le petit Auteuil n'a pas menti, il a seulement "cafté" (le terme revient plusieurs fois, Il ne s'agissait donc même pas d'un mensonge) la vérité. Le fait qu'l s'agisse par ailleurs du fils d'un couple algérien noyé dans la Seine en 1962 est à la fois pathétiquement lourdingue et perversement culpabilisateur pour le personnage d'Auteuil et pour le spectateur par la même occasion - par le jeu d'identification-. Surtout que le personnage de Bénichou s'exprime comme et avec un accent de bobo intello parisien pourvu d'outils conceptuels, pas du tout comme un Arabe de cité ayant raté sa chance, que le film veut pourtant nous vendre. On n'y croit donc pas une seconde. C'est du misérabilisme d'opérette, de l'autoculpabilisation à deux sous.
Les espaces ne sont pas raccord (les fenêtres de la chambre vue de l'intérieur ne correspondent pas avec celles de l'extérieur), le décor de l'appartement de cité est grotesque (cuisine avec parquet mosaïque tellement crasseux sous la table que les motifs disparaissent alors que le reste est propre...)
Alors on a bien compris que tout ça c'est du fantasme (enfin on ne sait pas très bien), les cassettes c'est seulement la mauvaise conscience du héros, mais pourquoi suggérer tout un tas de vagues amalgames à la noix, du style :
envoyer un enfant violent en train de vous voler l'affection de vos parents faire soigner sa tuberculose = dénoncer des Juifs sous l'occupation. Parce que c'est ce que laisse planer sans le dire explicitement le long plan dans la cour de ferme, avec les gens emmenant l'enfant se comportant de façon répressive. En plus on n'a pas le fin mot de l'histoire. Le dernier plan, long et pénible, où le fils adulte de l'Arabe bien importuner le fils d'Auteuil à son collège, écoeure totalement.
Dommage car le thème est riche, il y a des idées intéressantes. On regrette les choix qui sont faits, la confusion du propos et les allusions idéologiquement déplacées..