« Do something ! »
Reprenant une partie de l’équipe ayant collaboré sur le premier film (John Milius, 1982), cette suite de Conan ne reprend également qu’une partie de son originalité. Même s’il fut adoubé par Milius, Richard Fleischer dénature ainsi l’ambiance obscure qui imprégnait Conan le Barbare avec une caméra classique et une approche beaucoup plus linéaire, plus verbeuse aussi, plus proche d’un film grand public, et le scénariste (Stanley Mann sur un script rédigé par Gerry Conway et Roy Thomas, duo connu dans la sphère des comics) ponctue les scènes de moments humoristiques parasites, là où le premier film jouait sur l’ironie et le décalage. Les lieux et les décors délaissent également l’atmosphère sombre et archaïque d’un monde aux frontières de la préhistoire et de l’antiquité pour celui, plus imaginaire, d’un univers déjà civilisé, avec des villes populeuses et animées. Si la direction artistique a changé, la plupart des effets spéciaux ont gardé la même qualité même si les maquillages de l’Homme-Singe sont grotesques, dignes d’un film d’horreur des années ’30
et le combat final complètement raté, ce qui retire une bonne partie de l’intérêt du film
. La bande originale, elle, est toujours signée Basil Poledouris.
Au niveau de la distribution, aux côtes d’Arnold Schwarzenegger, on retrouve encore Mako, dans le rôle d'Akiro, le narrateur, sorcier et ami de Conan, et Sven Ole-Thorsen, dans un rôle différent du premier (pote de Schwarzie, l’acteur a collaboré une dizaine de fois avec lui). Parmi les nouveaux venus, outre Grace Jones et quelques gros bras culturistes et sportifs, dont Wilt Chamberlain, Pat Roach et l’inénarrable André « The Giant » Roussimoff, des interprètes plus lisses étoffent quelque peu un casting orienté, là aussi, grand public. Citons par exemple la toute jeune Olivia d’Abo et Tracey Walter.
Sur le fond, si le personnage de Conan apparaît plus loquace, plus humain, déchargé de sa composante nietzschéenne, on notera également une surprenante pointe féministe dans le personnage de Zula, incarné par Grace Jones.
Ainsi, lorsqu’on la rencontre, le pied attaché à un piquet, prête à être lynchée par la foule, Conan se contente-t-il de la libérer de son entrave plutôt que de combattre à ses côtés en bon gros barbare paternaliste. A la fin, la nouvelle reine affirme qu'une femme peut occuper la place d'un homme. Pour un genre de film assez viriliste, en 1984, ça a dû surprendre.
Si on fait exception d’un combat final d’un ridicule et d’une laideur absolus, ce deuxième volet des aventures de Conan se laisse regarder d’un œil distrait si on n’a vraiment rien d’autre à faire.