L'été corse dont Julien Colonna nous parle dans son premier long-métrage, Le Royaume, est rempli de règlements de compte comme autant de vendettas "caractéristiques" de l'île de beauté. La mythologie est respectée : omerta, maquis, femmes éplorées, sangliers et même Tino Rossi ont droit de cité dans ce thriller où le sang coule à jets continus. Oui, mais voilà, le film montre aussi autre chose, de moins habituel, et de bien plus prenant, à savoir l'apprentissage d'une jeune fille de 15 ans, face à la violence ambiante, et sa relation exceptionnelle avec un père qui n'est pourtant qu'un courant d'air, pour des raisons de sécurité. Une scène, magnifique, vient d'ailleurs joliment approfondir ce lien et faire oublier, pour un temps, le sifflement des balles. Grâce au jeu inspiré de Ghjuvanna Benedetti, ce personnage d'adolescente, qui doit grandir trop vite, se déleste très vite de tout cliché et sa présence nous permet de nous introduire au sein d'un milieu dont les femmes sont exclues. Si sa mise en scène est fluide, l'intérêt du film vient aussi en grande partie de son écriture, avec le nom de Jeanne Herry, qui a coécrit le scénario et qui n'est sans doute pas pour rien dans sa grande qualité.