Joli premier film, maîtrisé et touchant. Le scénario expose délicatement une dérive émotionnelle et psychologique, nourrie de frustration d’amour et de solitude urbaine, d’un rapport complexe à la maternité, d’un sentiment délirant de vie par procuration. Il colle avec réalisme au personnage féminin central, tout en confiant le point de vue principal à un autre personnage, ce qui apparaît judicieux car mieux à même de traduire le trouble et l’inconfort liés à cette histoire, d’évoquer l’ambiguïté et l’opacité du personnage principal, sans la prétention de se mettre « à la place de ». Cette humilité et cette subtilité d’approche, combinées à une interprétation sobre et juste – qui éveille l’empathie –, font la qualité de ce film qui illustre bien, par ailleurs, le double programme sémantique de son titre, et dont la profonde tristesse immanente est habilement adoucie par les dernières images. Il n’y a peut-être rien d’extraordinaire à signaler sur le plan formel, mais une belle sensibilité d’ensemble à apprécier.