Taylor Swift contre Patrick Bateman (American Psycho) ? C'est possible. M. Night Shyamalan avait, comme d'habitude (on sent des plumes de perroquet nous pousser, à force de toujours redire la même chose à chacun de ses films récents) un bon concept de départ, mais n'en fait rien. Il coince donc un tueur en série dans un concert, des forces de l'ordre tous les cinq mètres qui cherchent rapidement le criminel, une gamine qui est une astucieuse manière de garder l'individu dans la place (il ne peut pas s'enfuir sans sa fille), une chanteuse qui est étonnamment impliquée dans l'histoire (on pensait qu'elle resterait le papier-peint "Hey, vous avez vu ma fille ? Elle chante bien, hein ?" de Papounet Shyamalan, mais il a eu l'intelligence de faire plus, et tant mieux, car elle joue plutôt bien, et les idées de son personnage sont bonnes, une rareté de ce scénario qu'on souligne ici), un caméo plus que visible de Shyamalan (qui s'amuse comme toujours), et une critique "OK tonton" sur les téléphones dans la première partie du film (Shyamalan regarde les Swifties - les fans de Taylor Swift, pour les deux du fond - comme des étrangetés hystéro et accrocs au smartphone) mais qui trouve son salut dans le final (
c'est grâce à la "commu" de fans que la chanteuse sauve la victime, sans passer par le classique appel à la police qui arrive après la guerre
). On ne jette donc pas complètement ce Trap dans la fosse, puisqu'il possède quelques qualités qui le font passer péniblement à travers la salle, jusqu'à ce qu'il s'effondre comme une Shy'm : la fin est une suite d'inepties grossières. Qu'on pense au méchant
qui veut descendre de la voiture de la chanteuse alors qu'elle connaît son nom, a vu son visage et sait où il habite, qu'il prend le téléphone de la chanteuse mais ne pense pas à l'éteindre (pour couper le GPS), qu'il monte dans une voiture qui possède aussi un GPS (il a vraiment tué douze personnes, ce mec-là ? Elles sont tombées dans les escaliers devant lui, ce n'est pas possible...), mais heureusement la foule est encore plus idiote que lui (puisque tout le monde voit un mec en cagoule qui descend d'une limousine d'où la chanteuse signale qu'il y a un tueur, et personne ne dit rien...), et les flics sont les champions, puisqu'au lieu d'appréhender le tueur dès qu'il entre dans le domicile, ils laissent l'épouse s'en approcher, sortent un petit taser au lieu de le flinguer (ce qui coûte la vie au collègue...).
On n'est pas plus convaincus par la dernière scène qui nous prend pour des jambons (c'est McGyver, ce mec). Enfin, la part que prend le concert dans le film est démesurée, on perd souvent le peu de tension qu'il y a, le temps manque au tueur pour tenter de faire des scènes "choc" (on pensait naïvement qu'il allait agresser des gens pour narguer la police, pour détourner l'attention, pour créer un mouvement de panique qui pousse les gens à s'enfuir pour leur vie - car on met au défi une centaine de policiers d'arrêter des dizaines de milliers de spectateurs qui foncent pour leur vie... Le fait qu'il ne tente pas de se servir de son côté malsain est totalement contre-productif, il aurait pu être un voleur d'orange, c'aurait été le même film). On sauve quand même les deux seules scènes qui instaurent un poil de tension (celles
de la salle de bain et de la voiture dans le garage, qui tente même "une résolution à la Vendredi 13, avec la victime qui imite la mère du tueur", ça nous a fait rire
), dans un film autrement très plat. On a bien compris que Papounet Shyamalan était fier de ses filles (mais celle-ci s'en sort bien, contrairement à celle qui nous a pondu l'atroce Les Guetteurs), ce qui reste toujours un peu touchant, ceci s'ajoutant à quelques scènes sympas qui sauventTrap de la chute "shymesque" qu'est son final complètement décérébré.