Dans la grand paysage du cinéma, M. Night Shyamalan fait son petit bonhomme de chemin, parfois pour le meilleur et parfois moins. Avec « Trap », il s’inspire (d’après ce que j’ai lu ici ou là) d’une réel fait divers survenu aux USA à la fin des années 70. Son film est plus ou moins en deux parties : la première consiste en une sorte de grand escape-game au milieu d’un concert pop et la seconde partie se déroule sur quelques heures, après le concert. En totalité, le film est censé couvrir une poignée d’heure tout au plus. Shyamalan retrouve ses petite marottes, celles qui lui sont propres et qui fonctionne toujours, comme se donner un tout petit rôle dans l’intrigue, un rôle anecdotique en apparence
mais qui a une vraie place dans le basculement de l’histoire
. Il joue un peu du hors champs, place sa caméra où il faut pour créer de l’intensité, son montage est nerveux et plutôt efficace. Il illustre son film d’une musique plutôt discrète, si on excepte bien entendu la musique de Lady Raven sur scène, qui pour le coup est omniprésente dans la première partie du film, par la force des choses. C’est une musique pop style Ariana Grande (pour ce que j’en connais, c'est-à-dire pas grand-chose !), sympathique (à petite dose) et inoffensive.
Le suspens ne réside pas dans l’innocence ou la culpabilité de Cooper : est-il réellement ce serial killer forcément abominable, cruel et super intelligent que l’on croit qu’il est ? Le film apporte la réponse au bout de 15 minutes, de ce côté-là les choses sont claires. Le suspens est d’abord de savoir s’il va sortir de cette salle de concert (et comment) et ensuite de savoir s’il va être arrêté.
La première partie dans la salle de concert fonctionne assez bien, même si on est obligé de fermer les yeux sur des coïncidences, des invraisemblances, des choses parfois un peu trop grosses pour être réellement crues. Mais bon, l’un dans l’autre le côté « rat piégé dans un labyrinthe », on peut légitimement trouver ça pas si mal. En revanche, lorsque le concert est terminé, le scénario vrille et pas pour le meilleur. Les rebondissements qui étaient déjà limites dans la première partie deviennent presque grotesques à force de se cumuler. Plus on avance dans cette seconde partie, moins croit à ce qu’on voit et plus le temps nous parait long, très long. « Trap » m’a complètement perdue au bout d’un moment : trop de coups de théâtre improbables, trop de personnages mal écrits, trop d’invraisemblances.
Quant à l’explication psychiatrique de la psychopathie de Cooper, elle tient sur un timbre poste. On a tous lu et vu pas mal de choses sur ce genre de tueurs, on ne peut plus nous la faire à l’envers. Cooper est une caricature de serial killer qui répond aux clichés éculés du genre, il a été pensé comme le personnage de Dexter Morgan, mais sans la profondeur, sans la fragilité, sans la bataille intérieure entre le Bien et le mal.
On aurait pu avoir envie de le voir s’en sortir dans la première partie du film, mais dans la seconde on n’aspire qu’à la voir se faire chopper et enfermer (qu’on en finisse) à double tour avec jetage de clef au fond d’un puits. Sauf que Shyamalan pourrait encore trouver le moyen de le faire s’échapper avec un chewing-gum et un trombone !
Le rebondissement final (ben oui, il y en a un c’est sa marque de fabrique) fonctionne un peu, si on est indulgent. Sauf qu’on s’est tellement ennuyé, et qu’on s’est tellement fait prendre pour une truffe par un scénario improbable qu’on n’a pas envie d’être indulgent. Josh Hartnett fait ce qu’il peut, mais un personnage aussi mal écrit c’est presque perdu d’avance. Malheureusement pour elles, c’est un peu pareil pour Alison Peel et Saleka Shyamalan (assez convaincante sur scène, beaucoup moins après). Finalement, celle qui s’en sort le mieux c’est encore la jeune Ariel Donoghue dans le personnage de Riley, à qui elle apporte sa fraicheur et son spontanéité. Le piège de « Trap » fait pschitt ! Quand on doit se forcer pour croire à un personnage, à une intrigue, à des rebondissements surréalistes, c’est que le pari est perdu. Dommage, abordé sur un autre angle plus « Piège de Cristal » qu’en « Dexter » du pauvre, ça aurait peut-être pu le faire.