Personnellement, j'attendais beaucoup de ce "Trap", le nouveau film réalisé par M. Night Shyamalan. Au vu du concept et au vu des qualités principales de ce metteur en scène, je m'attendais vraiment à quelque chose de très intéressant. Et lors de mon visionnage, il est vrai que le film m'a tout de suite surpris, car il emprunte très rapidement la voie de son concept. Dès les premières scènes, le concept global est posé, avec cette impression du personnage prit au piège et qui va devoir tout faire pour s'échapper. Josh Hartnett, qui joue ce fameux personnage, va parfaitement tenir le rôle. Il réussira très bien à développer ce papa qui tombera dans la folie au fur et à mesure du récit, mais qui réussit également à changer de personnalité de manière très rapide. On le voit notamment dans ses plans où son visage est filmé de moitié et de manière très rapprochée, puis suivie d'un plan d'ensemble où on le voit être proche de sa fille. Ses deux facettes sont parfaitement mises en opposition, et la mise en scène de Shyamalan le montre bien. Par ailleurs, j'ai aimé l'approche très renfermée de la mise en scène. Cela se ressent surtout dans les dialogues, qui s'éloignent des standards du classique champ contre champ. On a cette discussion entre deux personnages qui s'adressent directement à la caméra, celle-ci filmant en gros plan. L'effet est assez déstabilisant, mais on ressent bien le sentiment qui veut être insufflé, avec, encore une fois, cette idée du personnage prit au piège. La première partie est donc dans ce ton, avec cette immense partie de "cache-cache" qui fonctionne assez bien. Le montage réussit à nous servir un ensemble qui vit bien, où chacune des actions du tueur sera très millimétrée. Cette entrée en matière est donc efficace, mais malheureusement, cela ne va pas durer. Dès que la première heure est passée, nous allons atterrir dans une seconde partie, largement moins équilibrer et qui va clairement durer bien trop longtemps.
Déjà, le fait que le film s'échappe de ce concept pour aller vers quelque chose de plus classique, en dehors du concert, peut paraître audacieux sur le papier. Cependant, il est vrai que j'ai quand même ressenti une forme de frustration, comme si le long-métrage cherchait à fuir sa vraie nature, car il se rendait compte de certaines choses qu'il ne pouvait pas mettre en scène au cœur de ce concept. À ce moment-là, j'ai vraiment eu le sentiment que le film allait dans tous les sens, sans que les éléments qui défilent ne maintiennent de logique entre eux. Cela se ressent particulièrement au niveau des personnages, qui disparaissent et apparaissent de manière aléatoire. Cela n'est pas très explicite dis comme cela, mais on le ressent vraiment rapidement. Par exemple, Riley, qui était l'élément central de la première partie, disparaît lors des 30 dernières minutes. Alors que l'on aurait pu se concentrer sur cette relation entre le père et sa fille, on nous intègre toute la famille, au moyen de Rachel, la femme. Sauf que cette tension qui se créait entre eux ne fonctionne pas, car, apparaissant au bout d'une heure de film, on n'a aucune attache émotionnelle et aucune information sur leur relation. Et c'est là que l'on comprend que Shyamalan n'a pas réussi à maintenir une forme de continuité sur l'intégralité de son récit, et qu'il oublie totalement l'existence de certains personnages quand il n'en a pas besoin. Cela donne même un effet de "personnage fonction" pour ces derniers, ce qui leur donne une utilité assez négative. Et même dans le récit en général, ces trente dernières minutes enchaînent les moments de burlesque à une vitesse folle. Que ce soit dans la manière dont Cooper s'échappe de sa maison, dans la manière dont il s'échappe de la limousine, ou dans la manière dont il rentre dans une maison alors que des flics sont censés la surveiller ! En fait, on se retrouve juste à se demander si les forces de l'ordre ne sont pas totalement incompétentes pendant cette partie. On se retrouve donc face à ces retournements de situation à la chaîne et qui ne s'arrêtent pas, ce qui donne un aspect presque comique à la situation. Je n'ai jamais réussi à prendre tout cela au sérieux, la tension chute donc à une vitesse hallucinante. Jusqu'à un dernier plan qui nous fait même nous demander où cette histoire était censée amener et qu'elle était son but ? On vient d'enchaîner 3/4 retournements de situation de manière aléatoire, et le dernier plan montre notre tueur qui réussit encore à s'échapper. Finalement, qu'est-ce que l'on doit retenir de ça ? Certes, on comprend que ce personnage est très fort, mais à ce niveau-là, ça en devient limite gênant et ridicule.
Franchement, je suis donc déçu de ce projet. Sur la première partie, le concept fonctionne plutôt bien et la mise en scène de Shyamalan sublime parfaitement ce que le récit cherche à développer. Malheureusement, cette fin, qui s'éternise bien trop, enchaîne les retournements invraisemblables, et ne sait tellement pas quoi faire de ces personnages, qu'elle fait n'importe quoi avec eux. Je me demande réellement comment Shyamalan a pu écrire cette dernière partie, sans se rendre compte des erreurs monumentales qu'il faisait à ce moment-là. Pour conclure, une dernière partie qui gâche tout.