ANATOMIE D'UNE FLÛTE ou l'art de l'entre-soi cannois. A priori, on pourrait croire qu'un film qui obtient une palme d'or à Cannes mérite le déplacement ; Eh bien non ! 2h30 de circonvolutions judiciaires pour se demander :
« Elle a fait le coup ou pas, finalement ? ». « Non, cher spectateur, la justice et la vérité, c’est comme la vie, c’est complexe, tout en nuances de gris »
: Voilà ce que la réalisatrice aurait pu dire si elle avait un peu de lettre et d’esprit, pour paraphraser Cyrano. Au lieu de cela, elle nous mène en bateau pendant 150 (longues) minutes, autour des états d’âme d’auteurs désespérés de trouver l’inspiration (pour le coup, ça sent le vécu). Mais la (soi-disant) subtilité du propos tranche avec le choix et le jeu des comédiens caricaturaux : le procureur, petit nazillon aux cheveux courts, le couteau entre les dents, qui en fait des tonnes, et l’avocat de la défense, beau gosse permanenté, posé, tendre et subtil. La seule intelligence du film, c’est celle du distributeur, Le Pacte, qui connaît toutes les ficelles des festivals (comédienne anglophone, ça aide pour le jury de l’Oscar du meilleur film étranger). Qui plus est, en primant une réalisatrice française (la 2e en trois ans), le festival de Cannes se rachète une conduite côté #MeToo après avoir, littéralement, déroulé le tapis rouge à Harvey Weinstein pendant des années. Quant à la critique, elle claironne au génie avec une fanfare de pipeaux. Bref, tout le monde est content ; sauf le spectateur qui, comme la victime du film, a juste envie de se jeter par la fenêtre !