3h30 de samouraïs, quand même... Les Sept Samouraïs, cette immense fresque d'héroïsme japonais portée par la caméra inspirée d'Akira Kurosawa, est devenue culte avec le temps (et les cinéphiles). Le film ne manque pas de qualités, c'est certain, entre le rôle à contre-courant de Toshiro Mifune (l'acteur qui était populaire pour ses rôles de combattants valeureux, ici réduit avec une certaine malice à une figure de vagabond chien-fou), les scènes de combats au sabre ou à la lance qui sont un ravissement pour les yeux (on se rappelle vite qu'ils ont inspiré George Lucas pour ses scènes de combats aux sabres-laser dans sa saga Star Wars), et une réalité dure sur ce que représentaient les samouraïs à l'époque (des mercenaires, plutôt que des héros comme on le pense souvent). Mais, puisqu'il y a subjectivement un imposant "mais" à la qualité ressentie de ce film, on ne se trompera pas trop si l'on dit que la durée est une aberration. 3h30 à suivre une troupe de samouraïs qui rigolent fort et se battent finalement peu sur la longueur (la bataille finale n'arrive qu'après 2h40...) : une attente purement infernale. Avec ceci, nous disions que Mifune s'amuse à faire l'idiot du village, mais précisons que c'est un euphémisme : son personnage qui hurle comme un fou à la moindre occasion nous donne vite mal à la tête (surtout que l'on supporte ce volume criard du reste du casting également, pendant les 3h30... Longue vie au sensei Doliprane) et sa composition simiesque (il grimace bêtement tout le film) est épuisante. De même, revenons un peu sur la virtuosité de la caméra de Kurosawa, si elle est effective bien souvent (surtout lors des combats, rares moments de passion du spectateur), on tombe parfois dans des plans où l'on se demande ce que le réalisateur a voulu filmer (les plans de pieds...). Enfin, nous ne noterons pas la vision très machiste due au sujet (et au contexte temporel du Japon) qui traite les femmes comme des biens meubles, pour nous intéresser à la panoplie de samouraïs que l'on suit durant la fresque et qui est plutôt caricaturale (un sage expérimenté, un jeune novice, l'imbécile de service, celui qui vole tout...), on n'avait pourtant pas besoin de ces étiquettes collées au front pour suivre. Enfin, la musique sera à votre seule appréciation (pour notre part : retour vers le sensei Doliprane). Les Sept Samouraïs pâtit donc de sa durée infernale et de l'interprétation très peu fine qui nous assurent avec une quasi-certitude de ne plus jamais le revoir, malgré toutes les qualités citées au-dessus.