Les 7 Samouraïs réalisé par le grand et illustre Akira Kurosawa en 1954. L'un des seuls voire le seul réalisateur à avoir réussi à créé un pont entre le 7ème art occidental et le 7ème asiatique. En effet, ce film, bien que d'origine et de tradition japonaise, il reprend certains codes du film hollywoodien et notemment le genre en vogue de l'époque, le western, où John Sturge décidera par la suite de rendre hommage à ce chef d'œuvre avec la création du cultissime les 7 mercenaires (7 ans plus tard). Ainsi, Malgré sa très longue durée de 3h20, les 7 Samouraïs offre un spectacle grandiose, en n'hésitant pas à prendre son temps pour développer ses personnages, ses thèmes et les enjeux de l'époque, qui bien que peu complexe et pouvant même paraître assez classique, on pourrait se demander alors pourquoi est ce que le film dure aussi longtemps ? Et bien, cette question n'a hélas pas une seule réponse mais bien une multitude de réponse. D'une part, ce grand chef d'œuvre est maîtrisé de bout en bout, le film reste sur sa lignée et il n'essaye pas d'intégrer de nouvelles thématiques. Le film reste sur un schéma très simple qui est rencontre, retournement de situation, destruction ou affrontement. Grâce à ce schéma assez simple en 3 temps, on constate donc qu'aucun personnage du film n'est délaissé, chacun apporte sa propre personnalité, sa propre conviction et sa propre vision des choses, rendant ainsi chaques personnages inoubliables puisqu'on vit réellement chaque situation au travers des samouraïs (où chacun possède leur propre code moral, en fonction de leur passé) mais aussi au travers de certains paysans (qui vivent avec leur coutumes et leurs craintes). Par exemple, Les sept samouraïs engagés par le village de paysans ont leur raison d'être et ne combattent que pour le "privilège" d'avoir 3 repas par jour. Il ne s'agit donc pas là de protecteurs de personnages importants mais bien de samouraïs pauvres qui appliqueront leur code de l'honneur pour une maigre récompense qui assure néanmoins leur survie. Il s'agit bien ici d'une alliance entre différentes individualités, qui divergent parfois, dans un même but commun mais dont les attentes sont totalements désintéressées. Kurosawa mais donc les mains dans le cambouis en rendant le mythe du samouraï surhumain plutôt comme quelque chose de fier et d'aisé qui passe d'une occupation à une autre afin de combler ses désirs les plus inavouables. Il n'hésite pas à l'humaniser,
en nous montrant l'attirance physique entre un jeune samouraï et une paysanne du village, (chose impossible à l'époque dû au système des classes sociales)
. D'autres part, en plus d'aporter cette démystification, le film arrive à nous surprendre visuellement, et c'est la que le charme opère car à ce niveau on peut dire une chose c'est que c'est La GRANDE classe. En effet, au niveau mise en scène, on ne peut que constater que Akira Kurosawa est le maître en la matière car il instaure une multitude de plans sublimes sur le paysage, les décors, les costumes et les personnages, le tout mélangé à une sublime photographie qui ne fait qu'embellir le tout. Dans un troisième temps, La manière de filmer les batailles et les affrontements est admirable, voire même poétique car on arrive à ressentir la violence des coups portés, le changement d'émotion des personnages et aussi les phases de masse, dans lesquels on arrive plus à savoir qui est qui rendant chaque affrontement palpitant (alors oui on est bien loin des scènes d'actions lisses de ces derniers années, et de temps en temps ça ne fait pas mal de voir dès scènes d'actions authentiques où le cinéaste joue avec l'espace et sa caméra). Malgré les nombreux moments de tension, le film sait aussi se faire léger avec l'utilisation de l'humour de situation qui est omniprésent, grâce à la présence du personnage de Kikuchiyo,
un homme maladroit, fantasque mais bourré de bonne volonté et sujet fréquent aux sauts d'humeur
. Son interprète, Toshiro Mifûne, signe ici une grande performance dans un style exubérant et enfantin. De manière générale l'interprétation est de qualité, même si un temps d'adaptation est nécessaire notamment pour celles et ceux qui n'auraient jamais vu de films japonais. Je saluerai aussi particulièrement l'interprétation de Takashi Shimura dans son rôle de vieux samouraï errant qui se retrouvera chef de sa petite bande. Pleine de classe et de sobriété. Pour ma part, le film est ce qu' il est grâce à l'utilisation de La bande-son qui a reçu un soin particulier. Outre le thème d'ouverture, toutes les compositions d'Hayasaka sont dans le ton et contribuent à l'aspect épique du film. Toutefois un dilemme apparaît car la vrai musique du film réside dans le silence. En effet, il n'y aura jamais de musiques lors des batailles, lors des séquences de nuit ou lors des dialogues permettant de faire avancer la relation entre les personnages. L'image est donc la pièce maîtresse et le chef d'orchestre de la musique. C'est la musique qui s'adapte et non l'image. C'est cette dernière qui arrive à nous dévoiler une multitude de sentiments à travers le SILENCE. (Pas de surcharge inutile, on va droit à l'essentiel pour plus de réalisme). Pour conclure, Les 7 Samouraïs malgré sa simplicité apparente est plus dense qu'on ne le croit, Kurosawa arrive à mélanger avec brio action, humour et profondeur, où ce film n'usurpe en rien son statut de chef d'oeuvre du Septième Art. La simplicité et la fluidité du film en font quelque chose à la fois accessible et grandiose. Comme quoi pas besoin de faire compliqué des fois. Il suffit d'un cinéaste talentueux derrière la caméra, d'une maîtrise de tous les instants et en prime une absence totale de manichéisme primaire. Ce grand classique nippon a gagné toute ma considération et est à ce jour l'un de mes films préférés tout simplement. Une véritable bouffée de générosité cinématographique avec un soin à tous les niveaux. Un film vivant, bluffant et passionnant. Voilà ce qu'est le cinéma.