Mon premier Kurosawa se résume, j'ai bien peur de le dire, à trois heures et treize minutes de longueurs et d'ennui. Techniquement, inutile de préciser que le film est aujourd'hui faible : le montage est bien en peine (à noter par exemple l'omniprésence de transitions par balayage, qui m'ont tristement rappelé un vulgaire document powerpoint...), et la discrétion de la bande-son n'est pas compensée par le cadrage et la mise en scène fantastique que m'avaient annoncé certaines critiques ! Modestement, je veux bien, devant tant d'avis contraires, supposer être passé un peu à côté sur ce point là. Mais là où on ne pourra rien faire pour sauver l'image que j'ai du film, c'est sur son écriture. Premièrement, si le pitch est intéressant, les tentatives de relancer la dramaturgie qui auraient pu, si elles avaient été une réussite, compenser la prévisibilité du script, n'en sont malheureusement pas une. Mais le vrai problème n'est pas là. Kurosawa, c'est une évidence tant le film est transparent, avait manifestement choisi de conter ici une histoire de vie, de mœurs et de rencontres entre des individualités aux visées différentes, et à leur union finalement triomphante. Un tel parti pris exige nécessairement une écriture soignée et des personnages travaillés. Hors, ceux-ci, si grossièrement esquissés, sans aucune retenue, incroyablement saccadés dans leur attitude, ne ressemblent qu'à de pâles pantins, des copies du modèle humain peintes par une main qui n'aurait pas su en saisir toute la finesse. Surjoués, mal dessinés (mis à part quelques uns), c'est du coup la pierre angulaire du film qui s'effrite. Et tout s'effondre ! Comment s'identifier à ces personnages, comment ne pas se perdre dans leur altercations, comme croire à leur histoire ?
Bref, ce Kurosawa m'a clairement refroidi. C'est peut-être une belle peinture du Japon de l'époque, mais quel chanbara ne l'est pas ? Je suis donc sujet à quelques hésitations : le consentement universel est-il une preuve de qualité et suis-je passé à côté du film ? C'est probable, le film étant aujourd'hui destiné à un public averti et non au premier spectateur venu. J'ai toutefois quelque peu l'impression que "parce que c'est Kurosawa" et "parce que c'est un film culte", certains préjugent du film et ne le voient qu'à travers un prisme inadéquat pour se faire un avis en tout objectivité. Quoi qu'il en soit, je crois que je me replonger dans "Les Sept samouraï" - ce que je ferais probablement dans quelques années, un peu honteux de ne pas avoir compris ce qui le rendait si apprécié - ne se fera qu'au pris d'un effort assez considérable !