En préambule, on suit une jeune femme victime d'une atroce agression mortelle, la nuit du 12, à St Jean de Maurienne. Ensuite, l'histoire va s'attacher à l'équipe de la P.J. de Grenoble, chargée de reconstituer les faits et retrouver l'odieux coupable.
S'attacher est le terme qui convient. On entre en immersion, comme si on était lié par des menottes à ce groupe d'enquêteurs exclusivement mâles (sauf vers la fin), et on partage leur émotions et leur doutes. Leur problèmes conjugaux, leur espoirs, leur désillusions, leur révoltes. Mais aussi leur manque de moyens, tout ça parce que l'affaire n'a pas été médiatisée.
Tourné en mode "réel", dans un quotidien de routine délétère, le film décrit le difficile rapport hommes/femmes dans son déroulement. Les suspects sont tous des hommes tour à tour cyniques, paumés, ou violents, et peuvent être tous auteurs du meurtre. Les policiers aguerris sont aigris et misogynes. Même le jeune inspecteur chef, pratiquant le cyclisme, tournant inlassablement sur l'anneau de béton d'un vieux vélodrome, est prêt à perdre les pédales.
Les femmes sont parfois montrées, bien sûr, comme des victimes, mais elles semblent aussi représenter la seule planche de salut responsable, pour lutter dans une société violente et pourrie.
Les acteurs sont excellents, et j'ai découvert un très bon Bastien Bouillon dans le rôle principal. En cherchant un peu, pour savoir s'il n'avait pas un lien de parenté avec Jean Claude Bouillon, le célèbre "commissaire Valentin" des "Brigades du Tigre", j'ai vu qu'il n'y en avait aucun. En revanche, l'actrice Clémentine Amouroux est sa mère, et une certaine Joséphine Baker sa grand-tante. Acteur à suivre.
Implacable et fataliste, "La Nuit du 12" est un très bon polar.