Après avoir réalisé les deux premiers épisodes de la série, Steven Spielberg décide de passer la main à Joe Johnston pour le troisième épisode de Jurassic Park.
Le changement de réalisateur correspond également à un changement de ton : alors que Le Monde perdu : Jurassic Park adoptait un aspect plus sombre, Jurassic Park III est largement plus orienté vers le grand public. Ainsi, le cinéaste limite les plans gores (le cadavre de Ben Hildebrand est juste un squelette sans aucun aspect visqueux un peu trop propre pour un cadavre de huit semaines). L'aspect grand public se retrouve également dans le choix des personnages : alors que le second volet, plus sombre, choisissait de faire revenir Ian Malcolm, le héros le plus ironique du premier film; cette fois, c'est le couple le plus propre du film original, Alan Grant et Ellie Sattler, qui reviennent (même s'ils sont séparés et même si cette dernière est un personnage secondaire mais néanmoins capital). De plus, l'expédition en dehors de Grant et de Billy, n'est constitué que d'amateurs un peu trop naïfs pour un film qui se voudrait adulte.
Ce désir de film tout public s'associe également à un manque de réalisme assez handicapant
(le rêve d'Alan Grant où un vélociraptor parle, Grant donnant un coup de pied au ptéranodon, le sauvetage peu crédible d'Eric par Billy en parachute, le téléphone intact qui fait une réapparition pile au bon moment dans les excréments du spinosaurus, l'arrivée de l'armée trop rapide est très difficile à croire alors que personne ne s'est dérangé pendant huit semaines pour retrouver Eric et Ben, la survie miracle de Billy...)
. Ce manque de crédibilité est assez pénalisant pour le film
: ce que les gens retiennent généralement du film est l'idée du téléphone portable continuant à sonner dans le ventre du spinosaurus
.
Cette trop grande volonté de film familial et ce manque de réalisme ne doit cependant pas occulter les qualités du film. Ainsi, Joe Johnston montre une fois de plus qu'il est un bon artisan en offrant des scènes d'action assez spectaculaires, en conservant constamment un rythme soutenu et en délivrant quelques très beaux plans (le plan final notamment). De même, il crée certaines séquences réalisant des rêves de spectateurs comme celle du combat entre le spinosaurus et le tyrannosaurus rex. Comme pour tous les épisodes de la saga, les effets spéciaux sont extrêmement réussis. Le scénario, quant à lui, amène quelques idées intéressantes
, en particulier celle de la faculté à communiquer des vélociraptors (idée qui sera réutilisée dans Jurassic World)
. Enfin, la musique de Don Davis est assez bonne même si elle est loin d'être aussi marquante que celle de John Williams dans le film original (dont elle reprend assez régulièrement les thèmes).
Malgré une production assez chaotique (qui fallit voir le départ de Steven Spielberg, ici producteur délégué, et de Joe Johnston), Jurassic Park III arrive à être assez plaisant à suivre à condition d'accepter qu'il n'est qu'une série B familiale loin des ambitions du film original.