The Whale est un film drame, et pas de ce genre de drame, qui vous fait pleurer le temps d’une minute. The whale est un film, choc, bouleversant, qui malgré certains points noirs déchirera votre justice personnelle. Je me suis surpris, 30 min après le générique de fin, pleurer à n’en plus finir.
C’est ce qui m’a particulièrement plu dans the Whale : ce côté déchirant, affligeant et désespérant de la situation personnelle de Charlie dans un huis clos impétueux.
En effet, ce film relate l’histoire de Charlie, professeur d’anglais, père absent et souffrant d’une obésité morbide. Son quotidien est des plus difficile : en effet, tout devient une épreuve lorsque l’on est emprisonné dans un corps de 300 kg…
Et le choix du huis clos pour réaliser ce film, par Darren Aronofsky fait tout de suite sens.
Sa maison résonne pour moi comme une métaphore directe du corps immense et dégoulinant du protagoniste. On se sent oppressé et à l’étroit, suffoquant d’une carapace qui n’est pas la nôtre. Chaque pas, chaque respiration nous ramène à notre propre liberté physique et psychique. Ce cadre inflige une véritable introspection au spectateur. Lorsque l’on sort de ce visionnage, on se retrouve libéré et l’on reprend plaisir à se mouvoir, sans doute plus qu’avant.
Ce sont d’ailleurs les conséquences des films relatant des quotidiens insoutenables comme celui-ci, que je me retrouve égoïste de ma propre condition, finalement pas si terrible et pas si dramatique. Ce qui accentue ce dernier point est évidemment la performance artistique de Brendan Fraser, brillante et touchante. Chaque petit mouvement qu’il effectue se retrouve amplifié faute de mobilités dans le jeu du corps : des sourcils froncés, un sourire sincère, des larmes, ses respirations… Le spectateur se retrouve alors plus sensible, plus attentif à l’acting et a là manière de jouer.
Mais cette performance découle aussi d’un investissement de taille pour l’acteur, à la fois au niveau de la crédibilité que demandait le rôle (de longue recherche on était faite sur la vie de véritables personnes étant ou ayant été en obésité morbide, sur ce qu’elles ont subi…) notamment pour la prothèse que devait porter Brendan de plus de 50 kg, aussi lourde qu’encombrante, et de l’enjeu que représente ce film pour sa carrière semée d’embuches. C’est là, comme il la décrit, « la performance de sa vie », et ce lourd enjeu est ressenti, autant dans son acting que dans le film qu’il l’a choisi pour la livrer.
Adapté à la base d’une pièce de théâtre (et c’est pour cela en partie que le film est tourné en huis clos) ce film nous parle de sujets d’actuels, comme la religion, la foi, l’homosexualité, l’amour, les drogues et la discrimination. Et pour les traiter, il y a tout autant de personnages uniques, allant du fidèle de « New Life », à la fille du protagoniste absolument ignoble.
The Whale respire l’actualité, autant dans son traitement que dans sa mise en scène simpliste.
Au niveau des plans : rien de transcendant. Le film se contente de raconter ce qu’il y a à raconter sans vraiment sortir de sa zone de confort. La colorimétrie de l’image est assez terne, sombre et ne rajoute rien. Tout dans ce film respire la tristesse : du temps au dehors jusqu’à la vaisselle mal rangé, nous sommes à la fois perdus dans la tête et la graisse de Charlie, mais aussi dans sa maison (sa prison). La bande son, elle aussi, n’a rien de réellement particulier si ce n’est qu’elle vous emporte comme une vague dans ce drame inarrêtable.
Pour conclure, je dirais que The Whale touche son spectateur d’une tristesse profonde, mais a aussi le pouvoir de vous faire lever de votre siège pour enfin vous décider à vivre une vie sublime.
« Il y a dans la mélancolie, assez de poison pour tuer une baleine ou un homme… ».