Martin Bourboulon nous propose avec « Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan » le premier volet d’un diptyque sur le plus célèbre roman d’Alexandre Dumas. Le second film est, à priori, prévu pour la fin de l’année. Je n’avais pas été emballée par la dernière réalisation de Martin Bourboulon, « Eiffel », principalement à cause de son scénario et d’un vrai manque d’ambition. Ici, le scénario est signé Alexandre Dumas et clairement, cette fois-ci, le film voit grand. Tourné en grande partie en décors naturels, pas avare en scènes d’action et en cavalcades filmées caméra à l’épaule (même si, honnêtement, parfois c’est un peu trop pour le spectateur qui a une impression plus de fouillis que de chorégraphie), « Les Trois Mousquetaires- d’Artagnan » coche toutes les cases du film de cape et d’épée moderne, avec ses qualités et ses défauts. Du côté des qualités, on peut noter la bonne qualité de la reconstitution dans les décors et les costumes (même si j’ai deux trois interrogations sur certains accessoires, comme les lunettes ou le tabac, mais je n’ai pas de certitudes alors le doute profite aux accessoiristes), le rythme effréné du film qui ne laisse aucun temps mort, le souci du réalisateur de faire quelques beaux plans séquences. Je suis également contente que le film ne soit pas « sur-dialogué ». Parfois, les films d’époque en font un peu trop sur le langage précieux, certains dialoguistes se font plaisir. Ici, les dialogues sont clairs, sobres, élégants mais sans chichi, avec quelques petites pointes d’humour bien placées. Du côté des défauts, j’ai trouve la musique sympathique mais omniprésente et souvent trop forte, les effets sonores trop amplifiés, certaines scènes de combats à l’épée un peu longues aussi. C’est malheureusement le défaut habituel des films de ce genre. Le casting est impressionnant, d’Eva Green à Eric Ruf en passant par Vincent Cassel, Pio Marmaï, ou encore Romain Duris, ils sont tous très biens dans des rôles parfois un malheureusement sous-écrits. De tous les Mousquetaires, par exemple, c’est un peu Porthos-Pio Marmaï qui est le moins visible, le moins écrit, le moins flamboyant. Cela donne parfois une sorte de déséquilibre, certains personnages étant clairement sous exploités dans ce premier film (cela changera peut-être dans le second). Je dois avouer que j’ai été moyennement convaincue par la comédienne qui incarne Anne d’Autriche, à savoir Vicky Krieps, j’ai toujours eu l’impression qu’elle était à coté de son personnage, pas loin mais à côté. Curieux d’ailleurs d’avoir choisi une comédienne de l’Europe du Nord pour incarner Anne d’Autriche, qui je le rappelle, était une espagnole. Et puis ça m’embête de le dire car je l’aime beaucoup mais Lyna Khoudri n’est pas très à l’aise dans le rôle de Constance de Bonacieux, peut-être un peu trop tendre. Je n’ai pas évoqué Louis Garrel et François Civil car pour moi, ce sont clairement eux qui remportent la timbale. Le premier incarne un Louis XIII parfaitement dans l’esprit, celle d’un roi mal à l’aise avec le pouvoir, soucieux de bien faire et de s’affirmer sans y parvenir toujours. C’est l’image du Louis XIII d’Alexandre Dumas à défaut d’être une vérité historique absolue. Et puis François Civil est absolument épatant, dans un rôle plein de charme mais surtout très physique. Il passe son temps à se battre, courir, sauter, chevaucher, croiser le fer, se prendre des coups, et il le fait avec l’élégance d’un parfait d’Artagnan. Sur le scénario, que dire, puisque c’est l’œuvre la plus connue de Dumas. D’abord on peut souligner que c’est bien et ambitieux de proposer deux films et non de tout ramener à un seul en sabrant l’intrigue à tour de bras comme cela à parfois été fait. Cela permet de proposer une version très moderne mais relativement fidèle au roman, du moins selon mes souvenirs (qui datent un peu sur ce coup là !). Adapter un roman déjà moult fois porté à l’écran, c’est risqué, mais cette version là, très grand public mais en même temps très soignée, peut amener une large audience de tout âge à découvrir Dumas et sa vision toute personnelle de l’Histoire. Parce que bon… Certaines scènes sont historiquement totalement farfelues ! « Les Trois Mousquetaires – d’Artagnan » se termine
sur un suspens total et le second film devrait se tourner davantage sur Constance Bonacieux et le siège de La Rochelle
. Mine de rien, malgré tous ces petits défauts, on à hâte d’y être.