Immersion en 1627
Après les poussifs – mais à succès – Papa ou Maman et le contestable Eiffel, Martin Bourboulon se lance dans la fresque historico-littéraire en adaptant le plus célèbre roman du toujours jeune Alexandre Dumas. Ce n’est certes pas le 1er à se lancer dans les aventures de D’Artagnan, de ses amis, de Milady de la Bonacieux. Depuis les débuts du cinéma et Méliès lui – même, 30 adaptations ont suivi – sans compter L’étroit Mousquetaire, la plaisante parodie de Max Linder -, allant des très classiques signés par Georges Sidney – avec Lana Turner et Gene Kelly -, André Hunebelle ou encore Bernard Borderie, jusqu’aux baroques Zorro et les trois Mousquetaires ou les pochades comme Le 4 Charlots Mousquetaires. Côté pitch, on fait évidemment dans le très classique : Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France. 120 minutes et 60 millions d’euros plus tard, on n’est pas déçus, mais pas surpris non plus. De la bel ouvrage, du cousu main et de l’aventure plein les yeux… bref du cinéma ! Epique, romanesque, grandiose, crasseux, sanglant… du film de cape et d’épée comme on n’avait plus vu depuis bien longtemps.
De toute évidence, Bourboulon et ses scénaristes - Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte, qui adapteront bientôt un autre roman d'Alexandre Dumas : Le Comte de Monte-Cristo, avec Pierre Niney dans le rôle-titre -, ont cherché à reprendre contact avec les grands films d’aventure, où il est question à la fois de trajectoires individuelles et d'Histoire avec un grand H. On a tous en mémoire la trame des Trois Mousquetaires, leur sens de l’honneur et de la fraternité. Bon, bien sûr, il s’agit, comme on dit maintenant, d’une « relecture » du chef d’œuvre de Dumas. Mais comment pourrait-il en être autrement quand on connaît la somme que représentent les romans ? Alors, certains ergoteront sur ce qui manque ou sur ce qui est inventé… Tant pis pour les pisse-froid ! La réalisation emporte tout, en particulier les scènes de combat, le plus souvent tournées en plans-séquences ce qui nous plonge au cœur de l’action. Le soin apporté aux décors, aux accessoires, aux costumes, aux maquillages – il y aurait des César techniques dans l’air que ça ne m’étonnerait qu’à moitié -, le tout magnifié par un montage virtuose, une magnifique photographie et sublimé par une très belle musique originale. Donc on ne s’ennuie pas un seul instant, on connaît par cœur et c’est pourtant palpitant et puis on a droit à un casting de génie, qui s’est le moins qu’on puisse dire, a mouillé la chemise dans ces aventures qui sentent bon l’Histoire avec un grand H.
Les 3 qui, comme on le sait sont 4, sont incarnés par François Civil, Vincent Cassel, Pio Marmaï, et Romain Duris, épatants et aussi convaincus que convaincants, portés par des dialogues ciselés par des orfèvres de la langue. Et quand on lit le reste de la distribution avec Louis Garrel, Eva Green, Lina Khoudri, Vicky Krips, Marc Barbé, Eric Ruf, on s’esbaudit et on a bien raison. C’est du nanan. Comme il se doit, c’est manichéen à souhait, les bons sont très bons, les méchants très méchants, les complots s’enchaînent aux coups bas et aux trahisons, on se perd volontiers dans ce dédale scénaristique voulu par Dumas lui-même, mais c’est un régal. On a hâte d’être en décembre procain pour découvrir le 2ème volet : Les Trois Mousquetaires: Milady