"Ma vie a été la leur, la mort sera la mienne."
8 mois après «D'Artagnan» et sa fin en suspens, voilà que débarque en salles le second volet, toujours supervisé par Martin Bourboulon (Papa ou Maman, Eiffel).
Et malheureusement, ce «Milady» est un peu en deçà de ce que j'avais pu ressentir en avril dernier devant la première partie.
S'ouvrant sur un récapitulatif du précédent volet (en mode série télé, ce qui ne me rassurait pas forcément, comme si la mémoire d'un spectateur n'était pas assez développée pour retenir les grandes lignes d'un film vu il y a seulement quelques mois auparavant), cette suite directe se situe dans la continuité de son prédécesseur, du côté de ses qualités comme de ses défauts.
Le tournage en décors réels (privilégiant cette fois-ci plutôt les extérieurs, comme ceux de La Rochelle notamment) ainsi que le travail apporté aux costumes, et à l'ambiance visuelle en général fait toujours autant plaisir à voir, d'autant que ce second volet est étalonné de manière un peu moins forcée que le précédent et permet d'admirer encore un peu plus les nombreux monuments qui se dressent sur notre territoire depuis des siècles, et que certains longs plans larges permettent de vraiment mettre en valeur à l'écran.
Le souci avec ce «Milady», c'est que les failles (pour certaines déjà présentes dans «D'Artagnan») n'en deviennent ici que plus visibles, et viennent directement impacter la narration et notre implication dans celle-ci.
S'ouvrant sur un début assez tonitruant et maîtrisé, le film alterne par la suite entre le sympathique et le beaucoup plus moyen, avec sa narration trop décousue et éparpillée pour se sentir vraiment concerné par tout ce qu'il peut s'y passer (d'une quête secondaire menée par Aramis et Porthos assez inintéressante, à la révélation du traître à l'origine de la tentative d'assassinat du Roi aussi vite dévoilée qu'expédiée, en passant par les retrouvailles entre Athos et Milady).
La caméra à l'épaule vient à nouveau faire des siennes et s'emballe pour un rien dès que l'on rentre plus dans l'action (et de l'action, il y en a un peu plus ici), rendant des scènes-clé (la séquence d’infiltration dans La Rochelle, le face-à-face entre D'Artagnan et Milady) beaucoup trop brouillonnes pour en tirer du plaisir en tant que spectateur.
Je le répète, mais à quel moment quelqu'un s'est dit que ce serait une bonne idée de filmer les scènes d'action de cette manière, et ce sous couvert de modernisme, pour trancher avec les précédentes adaptations de l’œuvre de Dumas ?
Histoire d'apparences et de trahisons, le personnage de l'espionne Milady se retrouve cette fois-ci plus au centre du récit, toujours interprétée avec une certaine justesse par Eva Green, envoûtante, manipulatrice et pleine de ressources, mais également victime des hommes de sa vie.
Face à elle, un D'Artagnan toujours à la recherche de sa Constance (et qu'il retrouvera lors d'une scène...compliquée on va dire, et qui démontre que François Civil se sent beaucoup plus à l'aise dans la légèreté que dans la gravité). Et autour, le reste des mousquetaires est toujours relégué au second plan : Aramis et Porthos qui apportent les petites touches d'humour au film, et Athos interprété par un Vincent Cassel en mode ténébreux qui fait le minimum syndical.
Rajoutez à cela certains dialogues à la diction approximative et un dernier tiers particulièrement fragile et expéditif, se concluant une nouvelle fois par une fin en mode gros cliffhanger de série (et annonçant assez clairement un inévitable 3e volet), et vous obtenez une seconde partie de diptyque trop figée, manquant de corps et de rythme, et ce malgré toute la bonne volonté et l'implication de l'équipe du film.
C'est dommage, l'aventure avait plutôt bien commencé, malgré ses imperfections. 5,5/10.