Comme je l'ai dit dans ma précédente critique sur "Une Balle dans la tête" de John Woo, "Blade 2", réalisé par le génial Guillermo Del Toro, est l'un des films qui, à mon point de vue, se rapproche le plus du chef d'oeuvre du genre vampirique que je cherche depuis longtemps. Surpassant de loin l'original, et ce tout en le laissant sur le banc de touche, beaucoup plus recherchée, évoluée et mieux scénarisée, cette suite de la première adaptation du personnage plutôt méconnu d'un comics Marvel est, en tous points, meilleure. Pour m'avancer plus dans les détails, voila le meilleur opus de la trilogie, qui ne tarda pas à décevoir avec "Trinity". Et tout ceci est surtout du à un deux hommes, Guillermo Del Toro, qui apporte sa propre touche ainsi qu'une réalisation novatrice et atypique, mais aussi David S. Goyer, scénariste du premier et du troisième, et mauvais réalisateur de ce dernier, qui nous pond une intrigue originale, bien écrite et très cohérente, offrant un réel univers au chasseur de vampires, nous retirant, le temps d'un instant, du monde des suceurs de sang pour mieux nous y replonger, et nous offrant la possibilité de ne pas penser: "Ça commence à se répéter, quand même!". On verra ici de l'inédit, du jamais vu, à l'image des Reapers, dirigés par Jared Nomak, qui en a mis au monde la plupart en les contaminant, étranges créatures à mi chemin entre une momie et un vampire, véritables bains de fraicheur pour un genre en perdition et en constante répétition. On n'aura jamais assisté à tel spectacle avant ce film, à voir des monstres aussi dangereux que sanguinaires, avec un Luke Goss à leur tête plus engagé et charismatique que jamais. Il participait là à son premier film avant d'enchainer les direct to video, et de jouer une dernière fois sous la direction de Del Toro dans "Hellboy II : les légions d'or maudites", où il incarnait, aussi prévisible que cela puisse paraître, le bad guy principal, qui donne autant de mal à Hellboy qu'il en donne ici à Blade. Un méchant au physique imposant qui aurait pu, s'il n'avait pas tourné le dos au cinéma pour les téléfilms, et si c'est réellement lui qui l'a voulu, se tailler une réputation dans la roche comme étant un bad guy incontournable des blockbusters américains. Mais que voulez-vous, avec des si, on referait le monde... Pour ce qui est des autres acteurs, il n'y a rien à redire. On comptera notamment des seconds couteaux avec une gueule, une vraie, Ron Perlman en tête, et un Blade encore plus charismatique et violent que dans le premier. Et si "Blade 2" est meilleur que son prédécesseur, c'est surtout parce qu'ils ont corrigé un défaut plutôt bien trouvé. En effet, on trouvera beaucoup plus d'enjeux dramatiques que dans le précédent volet. Attention, je n'ai pas dit qu'il n'en possédait pas. Non, loin de là, la mère décédée, par exemple, en était un bon, mais il n'était pas assez poussé et appuyé pour réellement toucher le spectateur. Là, on nous montrera les rapports entre Nyssa, la leadeuse de l'escadron de vampires, et son père, Damaskinos ( je crois ), et on nous livrera une romance plutôt bienvenue, qui nous offrira l'une des scènes finales les plus belles que j'ai jamais pu voir dans un film, et que "30 jours de nuit" ne s'est pas gêné à pomper. Ainsi, pour qu'il n'y ait rien de manichéen ( tout blanc, tout noir, pour ceux qui ne le sauraient pas ), on nous présentera les bad guys et l'on approfondira leur personnalité, tout en nous expliquant leur but premier. On en viendrait même à ressentir de la compassion pour Nomak. Personnellement, lorsque j'ai vu l'attaque de la base, je n'avais peur que d'une seule chose, qu'on le tue. Que voulez-vous? Goss est tellement charismatique et bon dans ce rôle qu'il en est venu à me faire craindre pour son personnage, qui est quand même présenté comme le bad guy principal. Afin que l'on ne puisse être sur de rien, Goyer et Del Toro enchaîneront les retournements de situation et les révélations dès les trente dernières minutes, et nous laisseront un goût impressionné dans la bouche. D'ailleurs, puisque j'y pense, voila une excellente idée que d'associer Blade à ceux qu'il chasse, à une escouade qui a été mise au point afin de l'assassiner. Il y a une ironie appétissante derrière tout cela! La réalisation est réellement d'exception, comme je l'ai déja dit, et Guillermo Del Toro nous livrera des images chocs ou d'une beauté unique, réalisant des plans de caméra d'une finesse rare, jouant sur le nombre de Reapers, qui se trouvent par centaines à chasser Blade, à l'image de la scène d'anthologie dans les égouts, prenante, angoissante, oppressante et impressionnante! Certains demeureront bouche-bée, d'autres resteront de glace. Moi, j'ai été conquis.