“El buen patrón” est la nouvelle comédie du réalisateur Fernando León de Aranoa, qui retrouve Javier Bardem comme protagoniste, après Les lundis au soleil (2002) et Escobar (2017), et qui raconte l’histoire de Julio Blanco, un riche propriétaire « el buen patrón » d’une entreprise qui fabrique des balances. Ce dernier ainsi que les membres travaillant dans l’entreprise, attendent la visite prochaine d’une commission qui doit donner un prix local d’excellence en business ; et ainsi tout doit être parfait mais l’arrivée de Liliana ainsi que les problèmes conjugaux de son bras droit et meilleur ami avec sa femme vont compliquer la situation. « El buen patrón » est un film qui a tout raflé lors de la dernière cérémonie des Goyas 2022 avec 6 récompenses : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Javier Bardem, meilleur scénario original, meilleur montage, meilleur musique originale. Avis personnel : seule la récompense à Javier Bardem est méritée…
Le nouveau film de León de Aranoa est une très bonne comédie espagnole, où nous sourions durant l’ensemble du film avec un Javier Bardem, impressionnant, qui joue la comédie à la perfection, constamment dans l’humour et l’improvisation. Bardem est un très grand acteur, de par sa palette d’interprétation exceptionnelle, chômeur dans Les lundis au soleil, tétraplégique sous la houle d’Alejandro Amenábar dans Mar adentro, antagoniste machiavélique dans des films américains tels que No country for a old man (sa meilleure performance selon moi), Skyfall ou encore Pirates des Caraïbes V, père de famille dans des blockbusters américains comme Dune ou prochainement dans l’adaptation en live-action de La Petite Sirène, où il interprétera le Roi Triton. Voici un bref aperçu pour mettre en lumière sa palette d’interprétation, ce dernier sait tout faire, et il revient dans le cadre du cinéma espagnol avec la nouvelle comédie de Fernando León de Aranoa, et il excelle dans l’humour à chaque scène, ses gestes, ses regards, ses prises de paroles et son humour constant nous permettent de rentrer pleinement dans ce film et on ressort avec une bouffée d’air frais. De plus, la présence d’Almudena Amor, qu’on a retrouvé cette année dans Abuela de Paco Plaza avec Vera Valdés, montre une autre facette de son jeu d’acteur, qui confirme qu’en deux films en 2021, celle-ci est à suivre de très près, et donne une fraîcheur au film lorsqu’elle arrive après 20/30 minutes.
León de Aranoa se situe aux antipodes des réalisateurs ancrés dans les films historiques tels le sujet de la guerre civile qui a été abordée dernièrement par Amenábar avec Mientras dure la guerra (2019) et La Trinchera Infinita (2019) des Moriarty – Aitor Arregi, Jon Garaño, José Mari Goenaga -. En effet, celui-ci s’efforce de représenter l’Espagne actuelle dans cette nouvelle comédie, dans un petit village espagnol, à l’ambiance de tapas et cervezas, où son nouveau film s’inscrit dans le monde du travail et l’équilibre entre un patron ou chef d’entreprise et ses employés, entre sympathie, bonne ambiance, et décisions tels que le licenciement, la baisse de salaires, l’évolution, etc. León de Aranoa emploie un type d’humour mordant, toujours satirique, avec une double intention, afin d’exposer ses idées implicitement.
Cependant, cela reste une comédie, très agréable à voir mais ce n’est qu’une comédie espagnole avec des gags autour de scènes de sexe par exemple, qui semblent comme du « déjà vu », avec un scénario très simpliste où aucune prise de risque d’un point de vue cinématographique et artistique n’apparaît. Heureusement que Bardem livre une très bonne prestation pour qu’on reste pendant deux heures accroché à notre siège. Il est vrai que nous prenons plaisir à suivre les péripéties et galères de Blanco (Bardem), entre la nouvelle arrivée de Liliana, tout aussi machiavélique que « El buen patrón » et les problèmes conjugaux de son meilleur ami et bras droit, qui influent directement sur l’entreprise et son économie. En conclusion, cela reste un bon moment de détente, une très bonne comédie espagnole, bien ancrée dans son genre avec un exceptionnel Javier Bardem. 4/5