Bien avant l'avènement de l'humanité, sur une planète futuriste aux furieux airs de la nôtre mais où personne n'a encore pensé à créer un système de santé viable pour tous, Mills s'engage comme pilote dans une longue mission aux confins de l'univers afin de couvrir les soins de sa fille gravement malade.
Badaboum ! Des problèmes d'astéroïdes entraînent le crash du vaisseau sur notre Terre alors couverte de dinosaures affamés. En compagnie de Koa, une survivante du congélateur spatial qu'il pilotait, Mills va tenter d'échapper aux griffes des reptiles...
Sorti d'un peu nulle part, "65" avait tout du projet SF divertissant susceptible de surprendre son petit monde ! Mettre un Adam Driver en train de galoper devant des dinosaures aux ventres vides face à la caméra des scénaristes de "Sans un Bruit" était en effet la promesse d'une proposition simple, brute et dont on ne voyait pas trop comment elle ne pourrait pas se révéler un minimum jouissive en la matière. Hélas, au contraire de l'efficacité d'un haletant "Sans un Bruit" qui, lui, était parvenu à équilibrer ses prétentions de départ avec brio, le film de Scott Beck & Bryan Woods se perd complètement dans un entre-deux d'intentions balançant entre le plaisir primaire procuré par une série B peuplée de dinos et le cahier des charges d'un blockbuster scolaire voulant toucher un large public, tout cela pour aboutir sur un long-métrage écartelé par ce statut hybride à l'insipidité agaçante.
Dans ce qui aurait pu être dans la mouvance d'un petit film généreux, les péripéties au sein d'un monde où la menace est perpétuelle s'enchaînent à l'écran -des périls de toutes tailles poursuivent les héros de façon incessante- mais celles-ci sont invariablement lissées à l'extrême, autant par leur mise en scène insignifiante que par leur déroulement mécanique, et réduites à des situations téléphonées peinant à instaurer un réel sentiment de danger autour des protagonistes. Prenant la forme d'un roller coaster simpliste où Mills et Koa doivent aller d'un point A à un point B au milieu de cet environnement hostile, "65" a néanmoins le mérite de ne jamais vraiment ennuyer mais ne propose en contrepartie que des séquences parfaitement oubliables auxquelles s'adjoint un fil rouge traumatique (sous la forme d'une énième relation père-fille de substitution) malheureusement encore une fois très basique, alourdi par des flashbacks à la mièvrerie répétitive, et ne parvenant à délivrer que de très rares moments d'émotion uniquement par l'intermédiaire de son duo de comédiens (Adam Driver trouve même le moyen de sortir la tête haute d'un film aussi mineur, respect).
Comme les passagers cryogénisés et placés en sommeil artificiel durant leur long périple à travers les étoiles, le spectateur sort de "65" sans réelle conscience du temps écoulé et sans grand souvenir d'un film qu'il vient pourtant à peine de voir, hormis celui d'un spectacle réduit à ses proportions les plus schématiques, gâchant le potentiel certain qui aurait pu émaner de son caractère rudimentaire pas si compliqué à exploiter.
On aurait aimé adorer "65" à la hauteur du sympathique plaisir coupable qu'il aurait pu être mais, comme son tandem de héros, il est déjà instantanément perdu dans les fosses de notre mémoire, échouant à faire entendre son signal de détresse de divertissement anecdotique au milieu de souvenirs de bien meilleurs films.