Ouais...l'amitié de deux potes, potentiellement menacée par l'amour porté par l'un d'eux à une donzelle de passage, une passante du clair de Lune, pour la faire à la Pagnol. Théoriquement, voilà une histoire aussi intéressante qu'un concert de musique de chambre diffusé sur Arte. Mais, ce coup-là, y a un truc de taille qui change : on y croit. On y croit vraiment, je veux dire ! On croit à la vie de ce village du Sud de la France. On y croit parce que le peu qui y grouille est dépeint dans son jus. Il n'est jamais rendu plus (ou moins, comme vous voulez, ça revient au même) ennuyeux qu'il ne l'est. Pas de misérabilisme, pas d'angélisme. Une bonne case de cochée. On croit à ce groupes de jeunes puisqu'ils se comportent de manière naturelle. Tout nous semble logique dans leurs façons de faire, leur langage et tout ce qui va avec. Ils ne sont jamais montrés ni plus intelligents, ni plus bêtes qu'ils ne le sont. Tout semble tomber juste à chaque coup. Et, bien évidemment, il y a le fameux tandem. Dog, le taiseux, le timide, presque effacé, presque blasé de tout. Miralès, le mec ultra loyal, le mec qui bombe le torse, le fort en gueule, le (en apparence) dominant et qui balance sa pédanterie au visage de qui veut bien la recevoir, en se rendant plus d'une fois ridicule. Au début, leur amitié nous est présentée de manière extrêmement classique. Mais, plus le film avance, plus leur relation apparaît ambigüe. La jalousie de Miralès ne donne pas l'impression d'être du seul ressort d'une amitié menacée par une fille. Cela semble aller plus loin que ça. On peut se poser la question d'une homosexualité refoulée. Si tel est le cas, Durand a l'intelligence d'amener ça si subtilement qu'on est en droit de douter. Là où d'autres nous aurait lancé le bébé à la tronche à grands coups de grolles dans les portes. On pourrait discourir un long moment également sur la tension entre Miralès et Elsa. Dès leur première rencontre, on la ressent alors qu'ils échangent des banalités. Et là aussi, il y a un truc sous-jacent. Officiellement, elle ne peut pas le voir en peinture mais, au fond, n'est-ce pas là le genre de mec qu'elle préfère (avec tout ce que ça implique), plutôt qu'un mec, certes sympathique mais qui ne bronche pratiquement pas quand on lui marche sur les pompes ? Si l'interprétation de certains seconds rôles laisse vraiment à désirer, celle de la doublette Bajon/Quenard est sans failles. Les mecs ne font tellement qu'un avec leur personnage qu'on ne croirait pas que ce sont des acteurs.