"Chien de la casse" est un premier long métrage intrigant réalisé par Jean-Baptiste Durand. Ce film, à la fois une comédie et un drame, nous plonge dans la vie de deux jeunes hommes, Dog et Miralès, dans un village du sud de la France. Leur amitié, forte mais conflictuelle, est mise à l'épreuve par l'arrivée d'Elsa, une jeune femme dont Dog tombe amoureux. La jalousie de Miralès envers Elsa déclenche une série d'événements qui le poussent à mûrir et à chercher son indépendance.
Le scénario, co-écrit par Durand, Nicolas Fleureau et Emma Benestan, est une exploration nuancée de la jeunesse rurale, loin des clichés habituels. La force du film réside dans sa capacité à capturer l'authenticité de ces vies souvent oubliées. Le travail de Durand se distingue par une sensibilité et une justesse qui rendent les personnages profondément attachants.
Anthony Bajon incarne Dog avec une intensité brute, tandis que Raphaël Quenard, récompensé par le César de la meilleure révélation masculine, brille dans le rôle de Miralès. Leur dynamique à l'écran est électrisante, illustrant parfaitement les complexités d'une amitié profonde marquée par la rivalité et l'envie. Galatéa Bellugi, dans le rôle d'Elsa, apporte une douceur et une fragilité qui contrastent magnifiquement avec la rudesse des deux protagonistes masculins.
La réalisation de Durand est notable pour sa subtilité et sa maîtrise des nuances. Il évite les écueils du mélodrame pour offrir une peinture fidèle et respectueuse de son sujet. La direction artistique, avec les décors de Benjamin Martinez et les costumes de Clara René et Florence Gautier, crée un cadre visuel authentique et immersif.
La photographie de Benoît Jaoul sublime les paysages ruraux, offrant des visuels à la fois poétiques et réalistes. La musique, composée par Delphine Malausséna et Hugo Rossi, accompagne parfaitement l'évolution des personnages, ajoutant une profondeur émotionnelle sans jamais devenir envahissante.
Cependant, malgré ses nombreuses qualités, "Chien de la casse" n'est pas sans défauts. Le rythme du film peut sembler inégal par moments, certaines scènes paraissant étirées, ce qui peut amoindrir l'impact global. De plus, la relation entre Dog et Elsa aurait pu être davantage développée pour donner plus de poids aux tensions entre les personnages.
En conclusion, "Chien de la casse" est une œuvre prometteuse qui marque une entrée remarquable pour Jean-Baptiste Durand dans le cinéma français. Bien que le film ait des imperfections, il réussit à toucher par sa sincérité et la performance de ses acteurs principaux. Une exploration sensible de l'amitié et de la jeunesse rurale qui mérite d'être vue, notamment pour ses moments de grâce et de vérité.
Une belle surprise pour un premier film, "Chien de la casse" est une œuvre touchante qui, malgré quelques longueurs, capture avec brio l'essence des relations humaines dans un cadre rural. Les performances de Bajon et Quenard, en particulier, élèvent ce film au-delà de la simple chronique provinciale, en faisant une réflexion poignante sur l'amitié, l'amour et la quête de soi.