Quel film génial !
Le réalisateur dépeint des portraits de jeunes de village, chose peu commune dans le paysage du cinéma, il s’empare de ces personnages en nous projetant dans leur intimité.
Que l’on parle de n’importe quel milieu c’est une prouesse de la part d’un réalisateur de parvenir à nous offrir des moments de vies.
Ici je décrirai l’ambiance générale d’une intimité basée sur la pudeur.
On peut tout se dire mais on ne rentre pas aisément dans les sentiments et encore moins dans les déclarations alors que toutes les actions des protagonistes sont régis par le respect de ce qu’ils se sont construits seuls.
Seuls mais ensemble, voilà comment je vois les personnages de chien de la casse.
On est sincère dans le silence, on se connait par cœur. C’est en ça que les relations de ces personnes qui vivent le même quotidien en étant animés par des aspirations différentes est sensible et touchante.
Comment pouvons-nous garder notre individualité dans un groupe ?
Certains veulent se réaliser en faisant vivre d’avantage le village et en y ouvrant un restaurant, Dog veut faire l’armée, Miralles rêve de grandeur et ne se reconnait pas dans cet endroit, le fou du village s’entête à jouer à des jeux à gratter pour des raisons assez mystérieuses.
De l’extérieur, dans ces villages, on assiste à des vies pauvres en rebondissements, loin des divertissements constants de la ville par exemple, et c’est en ça que la fiction de Jean Baptiste Durand flirt avec de l’ultra réalisme ; ces personnages deviennent tous des personnes porteuses de grandes choses. Leur vie a le même intérêt que si nous parlions de personnes médiatisées, tout comme dans la vraie vie ils vivent avec leur qualité et leur défaut, des tensions sont créées, des amitiés évoluent, de l’amour éclot. Nous sommes témoins de ces moments de grâce.
Des artistes de la vie qui ont un rapport spécial au temps, ils ne connaissent pas l’ennui car ils sont en présence constante...
Nous suivons de près les deux amis Dog et Mirales, fusionnels mais que tout oppose, le réalisateur prend un malin plaisir à mettre le spectateur dans l’embarra.
On subit les humiliations que Mirales, très expansif, intelligent, moulin à parole et comme inadapté à son milieu, fait subir à Dog qui lui est maladivement renfermé, coquille close qui ne laisse rien s’échapper à la plus grande frustration de Mirales et qui,au lieu de s’en distancier,ne peut s’empêcher de le provoquer. On peut y voir de la cruauté et du vice mais aussi une preuve d’amour inconditionnelle.
Les images du film sont sublimes, le réalisateur s’empare du village le Pouget comme d’un outil esthétisant qui supporte tout ce monde.
La lumière, toujours un peu sombre qui vire presque au sépia unifie le lien de tous ces habitants. Ça dénote une réalité qui se passe entre eux à cet endroit unique. Des vies singulières.
Jean Baptiste Durand maitrise son sujet, il ne s’agit pas juste d’un film magnifiquement fait où l’on peut s’attendre à des touches consensuelles, au contraire il est loin d’un film social, nous ne savons pas où nous allons être embarqués ; une mère dépressive, une pianiste retraitée, tout peut concorder pour qu’on tombe dans des schémas rassurants avec une bonne dose de pathos à la clef. Ici l’écriture du film, aussi travaillée soit elle ne prend pas le dessus sur les personnages, c’est un film qui traite de l’intérieur ces personnalités grandiloquentes. Il n’y a aucun jugement sur les jeunes des villages mais au contraire assez d’amour pour avoir au moins l’impression d’avoir fait partie de leur vie un instant.
Un grand bravo pour ce casting si bien pensé; tous les actueurs crèvent l'écran.
Je préfère restée évasive sur l’histoire car c’est tellement bon de vivre toutes leurs péripéties en même temps qu’eux.
Une pépite à ne pas manquer qui montre la diversité et la puissance du cinéma français.